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Patrick Lozano :
exclusive interview 2006
CONTINUED FROM PART
2
Les gros événements
: Yverdon/Grand-Bornand et les sponsors
Parallèlement à ça, tu ne lâches pas
le circuit des compétitions.
Comme toujours, je fais un peu de tout. Je continue le freestyle
et le slalom mais comme je bosse, je nai plus autant de temps
pour les entraînements. Donc, je me mets au street et à
la courbe qui sont des disciplines dans lesquelles tu as du plaisir
et des sensations plus rapidement.
Tu vas aux championnats dEurope à Yverdon en 1990.
À ce moment-là, je fais déjà moins de
compétitions. Je suis juge sur certains contests, je bosse
pour " Noway " en leur faisant quelques articles et des
photos. Il marrive encore de me déplacer pour faire
le championnat de France à Montbéliard, des trucs
à Grenoble. Yverdon arrive à la suite de ça
Tu y vas avec quels français ? Ya-t-il encore une
équipe de France ?
Non. Chacun y va sur sa propre initiative.
Quelles sont les disciplines au programme ?
Slalom et mini-rampes sont à lextérieur. À
lintérieur, il y a la big et une aire de free et de
street.
Tu participes à quoi ?
En free, javais un peu lâché laffaire et
le niveau navait pas cessé de monter. En street, on
voyait déjà des mecs comme Jérémie Daclin
qui arrivaient, donc je navais pas ma place. En rampe, même
si jen faisais, là aussi cétait devenu
vraiment très gros !
Donc, je nai fait que le slalom en tant que compétiteur.
En free, street et rampe, jétais juge.
Et je faisais
des photos pour Noway !
À Yverdon, tu vois plein deuropéens. Quels
sont ceux qui ont le plus gros niveau ?
Guerrero, Grabke, Doset, Messman,
En Allemagne, ils avaient le magazine " Monster " depuis
1981 déjà, " Titus " aussi était
gros
On voyait quils avaient des moyens, ils étaient affûtés
et entraînés. En rampe par exemple, pour la France,
il y avait Roulland, Bétille, Malinowski, Chevallier, etc,
mais cétait quand même plus isolé. En
street, je ne me rappelle que de Daclin à avoir réussit
à se classer. En free, Jean-Marc Vaissette, Bermudez, Dupond
et peut-être Denis Terras, mais ils étaient un peu
lâchés
Tu assistes au concert du groupe de Claus Grabke ?
Bien sûr ! Cette compète était une grosse fête
à la Suisse, avec sept groupes qui passaient
à la suite. Le groupe de Grabke était passé
le samedi soir.
Cétait du punk rock !
Oui, ça avait ramené une sacré faune ! (Rires)
B. Rouland, C. Bétille, tous les skaters qui se disputent
les premiers places en rampe étaient présents depuis
une dizaine dannées. Te rappelles-tu dun contest
sur lequel vous voyez débarquer une nouvelle génération
qui na plus ses racines dans les années 70 ?
Au moment où apparaissent les premières compétitions
de street, je vois arriver la nouvelle génération
: Jean Tongo, Camillio Reyes, Rakike, toute la bande.
Ça ta fait un choc ? Est-ce que tu la vécu
comme un point de rupture avec ce que tu connaissais ?
Cétait une attitude destroy pour ma génération.
Au niveau de lengagement, je ne pouvais plus me jeter de la
même manière. Sauter dun tremplin, retomber à
plat, tu ne peux pas le faire éternellement
Ça
devenait trop rude pour moi !
Au niveau de la presse française, quel est le titre qui
couvre le mieux ce renouveau ?
Les " Bicross Magazine " ont été importants
à un moment donné lorsquils ont commencé
à faire part de plus en plus, de la scène skate qui
émergeait. Tous les numéros avec du skate à
lintérieur ont redonné de la visibilité.
Ensuite, il y a " Surface Magazine " de Fred Michel qui
parle lui aussi pas mal de skate.
Ce nouvel intérêt amène aussi de nouveaux
sponsors, plus dargent injecté dans le milieu
À cette époque cest surtout au niveau des fringues.
Il ny a pas beaucoup dargent à notre niveau
Qui va te sponsoriser à ce moment-là ?
Principalement Sun Valley, Titus et Sunshine.
Pour largent justement, est-ce que tu revends quelquefois
ce quils te donnent ?
Jai plus donné que revendu ! (Rires) Cest dailleurs
pour cette raison quil me reste si peu de choses ! Lorsque
jallais chercher du matériel chez Titus par exemple,
je prenais une board mais je nexagèrais pas
Des marques comme Sun Valley ne viennent pas directement du skate,
ils surfent sur la nouvelle image " fun " du skate. Ça
fait quelle impression lorsque lon a passé tant dannées
dans une semi clandestinité de se retrouver de nouveau à
la mode ? Est-ce que tu las vécu comme une forme de
reconnaissance ?
Oui, cette reconnaissance ma fait plaisir. Lidée
que tous les efforts et les sacrifices nont pas été
faits pour rien. À un moment donné, javais le
sentiment que tous ces jeunes qui arrivaient au skate étaient
quelque part, un peu comme mes enfants. Dès que je voyais
un jeune, je nhésitais jamais à lui donner facilement
du matos.
Quel est ton plus gros sponsor ?
Sun Valley, avec eux, cétait royal !
Quelles étaient tes obligations envers eux ?
Jessayais de me faire prendre en photo avec leurs produits.
On avait des deals avec les photographes pour être présent
le plus possible lors des démos et des contests.
Comme pour beaucoup qui y sont allés, tu as gardé
un grand souvenir des contests du Grand-Bornand. Quest-ce
qui en faisait un événement aussi spécial ?
Cétait le rêve de tout skater. Lorsquon
arrivait là-bas, lambiance était vraiment très
particulière
Cétait le cadre champêtre de la station qui
tranchait encore plus avec le côté urbain du skate
?
Oui, le village devenait tout à coup, le temps de la compétition,
le village des skaters ! Tu allais à la boulangerie
et tu croisais Ray Barbee. Tu allais dans un bar et tu tombais sur
Mofo, Chris Miller et Hosoï qui discutaient. Sur la route,
Natas faisait du stop
Cétait hallucinant une
telle concentration !
Ça a été idyllique jusquà la
dernière édition
Cest la pluie qui a tout fait basculer dans un cauchemar !
La pression et la frustration accumulées par labsence
de défouloir que constitue la compétition, ont tout
fait exploser. Les chambres dhôtel dévastées,
les meubles et la vaisselle qui passaient par les fenêtres,
les gendarmes chahutés
Ça a fait un tel scandale
que laffaire est remontée au niveau du ministère.
Je crois que cétait Édith Cresson qui était
premier ministre et elle avait demandé à ce quil
ny ait plus ce genre de manifestation
Ça a porté
un coup darrêt ! Sur ces gros événements,
le préfet, les gendarmes, les pompiers se déplaçaient
et tout ça na plus été possible.
Il ny avait pas un endroit de repli en cas dintempéries
?
Non. Et en montagne la météo est très capricieuse,
le temps change vite. Les skate est une activité de plein-air
et la pluie est lennemi n°1 du skater ! (Rires)
Les sessions au Mad Pig Bowl de Baconnier
Cest sur ces contests où tu côtoies beaucoup
de monde que tu essayes de faire venir des skaters dans le bowl
de Baconnier, à Aix ?
Javais lhabitude, sur toutes les grosses compétitions
de Bourges à Avon, de placer le bowl dans les conversations
pour les amener à le skater. Je faisais la promo du bowl
!
Tu fais ça à Bercy également
Oui, à Bercy, je me rappelle être sur la rampe avec
Tony Hawk, à essayer de lintéresser à
ce bowl, et je peux te dire que ce nétait pas évident
! Je leur parlais du sud de la France, de la piscine, des grillades,
des chevaux en liberté ! Je cherchais à les appâter
!
Et avec qui ça a marché ?
Au Grand-Bornand, javais contacté le team Alva par
exemple. Cétait un des teams les plus hardcore de cette
période ! Jai une photo dans un magazine dans laquelle
on les voit tous en cuir. Et dans la vie, ils étaient réellement
comme ça
Cétait la grande époque
rocknroll de ce team avec Craig Johnson, Murphy, etc.
Tu te souviens à quelle occasion Steve Alba passe au bowl
?
Ça, cétait avant le Grand-Bornand. On avait
organisé une démo avec Sun Valley à La Ciotat
dans laquelle Lester Kasaï et Steve Alba étaient venus
faire de la rampe. Alba était ensuite passé au bowl.
Tu étais présent aussi, pour ce qui reste pour
beaucoup comme la meilleure session qui ai eu lieu, celle avec Monty
Nolder. Quest-ce quil a fait dexceptionnel ?
Malgré la vert et un coping inexistant, il faisait les plus
beaux Smith, rocknrolls, des trucs hallucinants. Cest
de loin celui qui sest le plus donné dans
le bowl. Souvent, les skaters y allaient assez timidement, quelques
figures, des carves. Nolder a vraiment donné une leçon
sur ce quon pouvait faire dans ce bowl
Et Jeff Phillips ? Il a fait son Phillips 66 ?
Je nai plus dimages précises de lui
Il
avait skaté mais sans laisser son empreinte comme Nolder.
Pas mal de skaters restaient sur la mini que Dominique avait installé
à côté du bowl, car cétait plus
accessible et lambiance était plus détendue.
Je me rappelle dune séance photo avec un mec de Transworld,
un japonnais, lors de la tournée du team Vision. Il mavait
contacté pour faire la tournée en Europe avec eux,
mais je bossais et javais dû refuser ! Jétais
passé le soir après mon boulot, en costume-cravatte-moccassin
pour faire mon tail-block ! (Rires)
Bowl/Ditch/Park
Lorsque J.P. Collinet arrive à Marseille au début
des années 80 faire ses études darchitecte,
tu le connaissais déjà en tant que skater ?
Non, cest à Marseille que je lai connu lorsquil
a monté les " Street Bombs ".
Sur son premier projet de bowl à Valmante, tu as suivi
lhistoire ?
À ce moment-là, on a fait lerreur de ne pas
assez superviser le chantier et du coup, ils ont fait de sacrées
bourdes sur ce bowl ! On nétait pas assez vigilants
pour ça.
La meilleure session que tu as vue là-bas ? La Bones Brigade
? Eric Nash ? Jeff Phillips ?
Jai vu le team Santa Cruz, la Bones Brigade et entre ces deux
teams mythiques, je ne peux pas vraiment pas choisir
Comment est-ce que Collinet supervie le projet de skatepark du
Prado par rapport aux problèmes quil avait rencontré
dans la construction de Valmante ?
À Valmante, par rapport aux plans de J.-P. Collinet, les maçons
avaient vraiment loupé le canyon, lentrée et
la courbe.
Donc, sur le skatepark du Prado, il avait décidé de tout suivre
de A à Z, dy aller quasiment tous les jours. Lenjeu
était beaucoup plus important, le skatepark était
directement inspiré des grands modèles américains,
Del Mar par exemple quil avait étudié de près.
Est-ce que les skaters qui gravitent autour de lui le conseillait
ou pouvait linfluencer ?
Nous sommes plusieurs autour de lui à lui montrer des trucs,
lui faire part de nos expériences. Tous les skaters de "
Street Bombs " : Stéphane André, Max, Gorox,
etc.
As-tu le souvenir dun élément que vous lui
avait fait enlever ou ajouter ?
Je me rappelle avoir râlé sur laire de street
que je trouvais trop petite. Mais il faut dire que cétait
quand même assez difficile dévaluer tous ces
éléments en regardant simplement les plans et les
côtes
Comment as-tu vécu lambiance dexcitation du
chantier ? Tu venais voir lavancement des travaux ? Le park
sous les bâches ?
Je ny suis allé quune ou deux fois. Je me souviens
davoir vu lentrée qui était encore toute
grillagée avant quils coulent le béton.
Étais-tu présent à linauguration avec
des pros Magnusson, Way, Markovitch ?
Je me souviens plutôt dune petite compétition
avec du bowl, du slalom avec Dieter Fleischer, du free avec un marseillais,
Sansoit. On avait reçu un peu de matos à distribuer,
on avait fait un tee-shirt du skatepark, des stickers.
Le skater qui tas le plus marqué au Prado ?
Jai loupé beaucoup, beaucoup de sessions avec des américains.
Tu sais, lorsque tu bosses, se déplacer dans la journée
pour voir du skate, ça devient beaucoup plus difficile !
Je me suis rattrapé après sur les Bowlriders où
jai vu skater du beau monde
30 ans de compétition
Tu as toujours aimé la compétition dans le skate
contre un chrono ou devant des juges. Tas jamais eu un rejet
de ça ? Trouvé que cétait un cadre trop
rigide ?
La compétition, cest bien sûr la confrontation
mais cest aussi le moyen de retrouver les autres skaters,
de voir les nouveautés, lévolution.
Tu as même participé aux " Jeux Pyrénnéens
de laventure " en 1993, avant les gros événements
qui vont arriver par la suite comme les X-Games.
Cest Dieter Fleischer qui me branche sur cette histoire. À
ce moment-là, le street et la rampe sont bien installés.
Pour le grand public et les sponsors, cest ce qui représente
le skate. Mais il nen demeure pas moins que le free, le slalom
ou le downhill existent toujours en parallèle ! Dieter Fleischer
mavait présenté à Jani Soderhall et à
la scène slalom qui était alors vivante à travers
lISSA. On allait par exemple en Italie, faire des championnats
du Monde où je finis 4 ème, en 1991.
Cétait à Turin ?
Oui, il y avait pas mal de monde. José de Matos, des suisses
et tous les italiens bien sur : Luca Gianmarco, Gianluca Ferrero,
etc.
Revenons à ces " Jeux Pyrénéens ".
Qui organisait ça ?
Le comité olympique. Ils voulaient confronter des sports
comme le rafting, lescalade, le VTT, le skate, en vue de tester
quelles pourraient être les futures disciplines olympiques.
Cétait une sorte de mini Jeux olympiques pour tous
les sports qui étaient sous létiquette fun
et extrême.
Sur quels sites est-ce que cétait organisé
?
Cétait vers Saint-Lary Soulan. Un endroit connu où
passe parfois le tour de France et certaines épreuves avaient
aussi lieu en Espagne. Lorganisation était assez importante,
il y a eut une grande cérémonie douverture avec
un défilé des nations, les drapeaux olympiques
Il na manqué que les médias et surtout la
télévision !
En fait, un ou deux mois auparavant, la société qui
devait soccuper de la médiatisation a coulé
! Donc, lévénement sest déroulé
dans un certain anonymat. Il y a eu quelques coupures de presse
mais ça na pas été très couvert
Il faut dire que le ministère de la jeunesse et des sports
ne voulait plus entendre parler de skate suite au fiasco de Grand-Bornand.
La rampe et le street étaient exclus des priorités
! On avait timidement raccroché lintérêt
de ces gens-là en leur montrant dautres aspects du
skate comme le slalom et la descente.
Il nétait pas encore question de longboard ?
Non, le longboard navait pas encore pris.
Comment avaient été organisées les sélections
nationales ?
LISSA avait sélectionné les 35 meilleurs skaters
mondiaux dans ces catégories. Trois skaters par pays étaient
qualifiés. Même les américains étaient
venus : Roger Hickey, John Gilmour.
Qui étaient les français retenus ?
José de Matos, Dieter Fleischer dans un premier temps.
Et le troisième ?
En fait, il y avait Gilles Lazennec, Jean-Paul Alavoine et moi !
(Rires)
Vous aviez de faux passeports ?
En fait, le système était celui-ci : deux skaters
étaient qualifiés doffice par rapport à
leur classement dans les compétitions et le troisième
devait être qualifié au terme dune coupe de France.
Sur cette épreuve, Fleischer qui était déjà
qualifié doffice, arrive premier. Derrière,
il y avait Alavoine en deuxième position, Lazennec troisième
et moi quatrième, à 1/10 de seconde dAlavoine.
En voyant les résultats, je maperçois que Jean-Paul
nest pas crédité dune pénalité
pour le dernier plot quil avait pourtant fait tomber, on le
voyait même sur la vidéo. Et si lon comptait
cette pénalité, Jean-Paul passait derrière
nous en quatrième position. On va donc légitimement
porter réclamation et le juge nous répond que le dernier
plot ne compte pas !
Comme ils avait déjà annoncé officiellement
les résultats, ils ont décidé de repêcher
les trois concurrents et on est tous parti faire un petit stage
dentraînement ! (Rires)
Qui prenait ça en charge ?
Je crois que cétait le CNS (Comité National
Skate). Cest Rémy Backès et Thierry Dupin qui
soccupaient de ça.
Comment se passe la compétition pour toi ?
Manque de bol, la météo na pas été
favorable. Il a beaucoup plu et il y avait pas mal de vent
Sur le plan personnel, je métais fait un claquage et
tout sétait mal enchaîné. La compétition
nétait pas bien, par contre je garde dexcellents
souvenirs des à-côtés, comme un entraînement
de descente un soir, seul avec José. On était parti
dans la montagne se faire des runs de folie à deux. Ça
reste parmi les meilleurs moments que jai passé sur
un skate
Tu avais quelle planche pour la descente ?
Une Dogtown ! Une longboard avec mes vieilles roues Powell et Krypto.
Javais acheté des roues Mondo sur la compétition,
le must de lépoque, que jai pu utiliser seulement
pour quelques tests.
Leur diamètre ?
86 mm !
Quelles épreuves avez-vous pu disputer finalement ?
La compétition était continuellement reportée
à cause de la pluie. En descente, javais loupé
mon run car je nétais pas encore habitué à
ces nouvelles roues et je faisais des tests en marrêtant
à mi-parcours. Au final, seuls les temps dentraînement
ont été pris en compte. Jai été
mal classé alors quà cette époque, jétais
dans les meilleurs mondiaux dans cette catégorie
Tu as des regrets ?
Pas tant par rapport à moi, que par rapport à cette
compétition qui aurait pu avoir un réel impact. Ces
jeux pyrénéens sont un peu le modèle, avec
le contest de Vancouver en 1986, de ce que lon a vu après
sur les X-Games. Si lon regarde les premières éditions
des X-Games, on saperçoit que ce sont les mêmes
disciplines qui ont été retenues : descente, course
en montagne, rafting, etc. Le skate a explosé au X-Games
parce quaux États-Unis, il ny a pas eu la pression
des pouvoirs publics français qui ne voulaient absolument
plus entendre parler après le Grand-Bornand de ces sauvages
qui faisaient de la rampe et détruisaient tout sur leur passage
! Ça nous a beaucoup desservi
Après les jeux pyrénéens, tu as une longue
période sans compétition.
Oui, jétais marié, des enfants et ma femme ne
voulait plus vraiment me voir partir faire du skate. Jai eu
une longue période sans compétition jusquà
ce que tu me raccroches au skate et à la compétition
en 2004.
Tu reviens sur la coupe du monde de slalom à Paris. Ça
fait quoi de retrouver les mêmes skaters plus de 20 ans après
? Langlade, Alavoine, Gianmarco, les russes
Javais des souvenirs de deux coupes de France au Trocadéro
et je savais que cétait très rapide ! Jai
revu des gens que je navais plus vu depuis des années
et qui navaient pas arrêté le slalom. Donc, jai
constaté lescalade au niveau du matériel et
une grosse progression de certains skaters. Ceci dit, un mec comme
Luca Gianmarco, en 1993, était déjà un extra-terrestre
!
Sur 25 ans de compétition en slalom, comment vois-tu lévolution
de cette discipline ?
Il y a eu plusieurs périodes. De la fin des années
70 aux jeux pyrénéens, je skatais avec le même
matériel, une Quicksilver. Aux jeux pyrénéens,
on avait déjà vu arriver Gianmarco avec une planche
en bois, rigide, très desserré au niveau des trucks.
Avec une cale sur lavant ?
Oui, mais cest surtout la rigidité de la planche qui
était frappante. Ça changeait le style et ça
permettait à Luca de passer beaucoup plus en force et en
slide, comme un avion !
En 2004 à Paris, le matériel avait encore évolué
: les planches étaient beaucoup plus grandes et les roues
avaient quasiment doublé de volume. Tout est aujourdhui
à une autre échelle.
Quelle est la forme des tracés que tu as préférée
? Les tights anglais ? Les italiens ?
Moi, là où je me sens le mieux, cest sur un
spécial avec beaucoup de changement de rythme. Les tracés
plus étroits quon avait en Italie étaient très
durs, on aurait dit des poissons qui frétillaient ! (Rires)
Et trop large, je naime pas non plus, car cest trop
lent ! Il faut un compromis, comme le spécial, dans lequel
il y a des mouvements très rapides mais où il faut
aussi aller chercher des portes.
Que penses-tu de la remarque de K. Mollica qui dit que le slalom
est ennuyeux à regarder mais tellement excitant à
faire ?
À mon avis, tout dépend de lendroit et de langle
choisi pour regarder la course. Toute une journée, je comprends
que cela devienne lassant mais si tu te mets au bon endroit, ça
peut devenir facilement très spectaculaire. Il faut simplement
choisir sa place en fonction de la lecture préalable du parcours.
Je me souviens dun slalom à La Rochelle où lon
avait fait le tracé en ville, le long dune rue avec
des arcades. Les spectateurs étaient sous les arcades. Je
métais placé dans la foule et lon voyait
passer les casques des concurrents qui faisaient comme des pistons
au-dessus ! Il y a des situations comme ça où, visuellement,
il se passe des choses intéressantes à observer.
Dernièrement à Antibes, sur la coupe du monde, je
me suis mis en bas de la pente, à larrivée du
slalom des nations et tous les spectateurs étaient scotchés
par la vitesse des concurrents ! Donc, je ne suis pas tout à
fait daccord avec Mollica sur ce point ! (Rires)
Tu ne trouves pas que cest souvent statique, et paradoxalement
surtout en vidéo ?
Sur un parallèle, lintérêt est plus limité.
Mais sur un bon spécial, je pense quil a des choses
à faire pour le rendre plus attractif.
En photo, il y a des clichés très spectaculaires.
Jai en mémoire des images de José de Matos qui
restent gravées où on le voit aller chercher des portes.
Ça restitue complètement lengagement du skater
En 30 ans, est-ce quil y a une forme ou une période
de skate que tu nas pas aimé ? Un truc que tu nas
pas voulu essayer ?
Non. Je suis passé par des compètes de big, de minis,
de la descente, du saut en hauteur et en longueur
Pour finir, quest-ce quon peut bien te souhaiter
?
De pouvoir continuer encore à faire quelques figures
De ne pas complètement les perdre !
Mai 2006, propos recueillis par C. Queyrel.
(Toute reproduction, même partielle, est interdite sauf autorisation)
(Toutes les photos : archives P. Lozano, sauf indiquées) |
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