Doug De Montmorency :
exclusive interview 2014


CONTINUED FROM PART 1

Ressentais-tu des tensions liées au localisme entre les diverses scènes ?
J'étais trop jeune pour vraiment ressentir tout ça. C’était plus un truc de surfers plus âgés que moi. Je pense que la plupart du temps l’ambiance était assez cool, sauf quand quelques trous du cul de L.A. se ramenaient et jetaient leurs ordures de partout. Certains avaient une mauvaise attitude. Il y avait probablement quelques bastons mais je ne m’en rappelle pas car j'étais probablement un peu naïf par rapport à ça.

Es-tu passé par l'étape des backyard pools avant que les skatepark arrivent ? Comment as-tu fait la transition entre le Tea Bowl et la vert ?
C'est intéressant, et là encore, il faudrait que je demande à Marc. En 1977, il y a eu le fameux incendie, le “Sycomore Canyon fire“, après la sécheresse. Il a dévasté certaines des zones les plus riches dans le voisinage. Ce feu était accidentel parce que je sais qui l'a allumé. C'est une voisine qui a mis le feu à quelques câbles en faisant cuire un gâteau. C’est grâce à ce terrible feu que nous avons découvert le Char bowl. Marc Hollander m’y a emmené et j’y ai rencontré Chris Strople et Wally Inouye pour la première fois. Ils étaient déjà connus, ce qui signifie que les skateparks étaient déjà ouverts.
Te rappelles-tu de la pub pour "Skatepads" avec Marc Hollander qui tourne en backside sur une extension en bois dans la pool ? Elle a été faite au char Bowl. Elle a été publiée dans plusieurs magazines et on me voit à l'arrière-plan, en tenue Sims. Le Char bowl s’appelle comme ça car tout avait brûlé autour. Il était carré avec peu de transition et beaucoup de vert. Nous skations juste le mur de face et on arrivait à toucher le coping. Marc était le meilleur, et de loin. Il sortait déjà les roues.
Je roulais officiellement pour Sims à partir de cette époque. Tom passait voir ses riders au bowl avec des boards qu’il distribuait. Chris Strople avait droppé du wall principal et commençait à tourner et à pomper sur les murs de côté. Il m'a appris comment le faire. En dehors de Marc Hollander et de Tom Sims, Strople a été une de mes premières et principales influences.

Comment es-tu été entré dans le team ?
Comme je le disais, je connaissais Tom depuis un certain temps. Je pense que j'avais toujours ma Zephyr lorsqu’il m’a dit un jour : « Tiens, essaye ça ! », en me tendant une petite Taperkick 36. Je me rappelle Marc Hollander remontant la pente, alors que nous faisions la queue pour dropper : « Hé, il me faut cette planche ! ». J'étais trop timide pour dire quoi que ce soit. Marc commençait à entretenir une certaine jalousie envers moi.

Te rappelles-tu que Strople a eu une couverture dans Thrasher en 1981 ?
Vraiment ? J’aimerais bien la voir. Pour en revenir à mon histoire, nous avions donc cette pool où nous pouvions carver. Je me rappelle voir mon ombre au fond de la pool quand je touchais le coping en pensant : « Ouah, ça ressemble à Alva ! ». (Rires) Je faisais ce backside railgrab en regardant mon ombre !
J’avais aussi commencé à aller à ce park qui s’appelait Reseda Skatercross. C’était vraiment chaud de skater ce grand snakerun.
Ensuite, je suis allé au skatepark d’Oxnard, le jour de l’ouverture. J'ai eu ma première photo dans un magazine en faisant des frontside grinds lorsque Jim Cassimus m’a shooté. Nous étions avec notre petit team Sims, Marc Hollander, Scott Hanson, David Hyde et moi. Marc nous conduisait dans sa voiture. Il mettait Led Zeppelin et on fumait. Il nous amenait partout dans sa petite Fiat bleue !


Tu allais encore à l’école ?
Ouais, toujours. À Oxnard, j'ai rencontré Jay Adams le jour de l'ouverture. La seule chose que je peux dire à son sujet se résumerait à : « Rad ! ». C’est le skater qui a eu le plus d’influence sur moi. C’est la première fois où je savais vraiment qui étaient ces gars-là : « Oh, lui, c'est Tony Alva ! ». Il avait une sacrée attitude. Quand j’ai vu ces gars-là skater, je n'ai pas été particulièrement impressionné. Mais Jay Adams lui, avait cette façon d'attaquer très particulière, il se jetait sur le coping très vite, toujours à fond. Jerry Valdez faisait ses tail taps avec la main au sol. Moi, je faisais des frontside grinds. J'avais appris les tail taps sur un quarterpipe, à la maison de mon pote. À Oxnard, j'ai vu Kent Senatore aussi. Mais j’avais juste quatorze ans à l'époque, comme Bert Lamar, Ray Bones, et Cab. Brad Bowman et les gars dont je parle, avaient au moins trois ans de plus que moi, ce qui faisait vraiment une grande différence à cet âge-là.


Quelles étaient les attitudes des pros ?
Jay Adams était cool, mais intimidant dans sa manière de skater. Pas comme Alva. Je me souviens de certains, qui se comportaient comme des connards. Si Alva dropait, tout le monde lui tournait le dos ! Il était un peu foireux parce qu’un mois plus tard, j’allais déjà plus haut que lui sur les frontside airs. Je les faisais aussi en backside.


Qu'est-ce que Tom Sims vous conseillait de faire ?
Je pense que j’apprenais trop vite pour qu’il puisse me coacher !
Il y a une pub que nous avons faite dans le snakerun d’Oxnard dans laquelle on me voit faire cet invert “à la Jay Adams“. Je pense que je skatais des Trackers à partir de ce moment. Lorsque nous avons commencé skater les pools, Sims abordait ça comme un artiste, scrutant les lumières pour les photos et tous les détails. Il a influencé toutes les pubs. Il me disait de ne pas garder mes genoux trop resserrés. On avait ce truc à propos des frontside airs, on les appelait “Jorg style“ si on les grabait entre les jambes.

Est-ce que le skatepark de Santa Barbara a ouvert avant Reseda ?
Non. Reseda, c'était bien avant. Je n'y suis pas allé très souvent. Je suis allé à Concrete Wave une fois, qui était un des premiers parks au début, avec le père d’un ami. Ensuite, on est surtout resté chez nous, sur des rampes, des pools et à Oxnard. Ce park était vraiment bon, il était énorme. Pas de carrelage sous le coping comme à Marina, mais c'était cool. C’est là-bas que j'ai rencontré Lonnie Toft, parce que je ne l'avais jamais encore croisé avant.

Pourquoi l'as-tu rencontré si tard ?
J'étais plus jeune, je vivais à Santa Barbara et lui, était avec un groupe de surfers qui venaient de Ventura. J'ai eu un ami surfer, comme Tom Curren, mais je ne connaissais pas Lonnie.

Quel genre de tricks faisais-tu à Oxnard ?
J'ai appris les frontside et les backside airs là-bas. Strople m'a bien aidé, j’adorais sa manière de skater, ses alley-oop handplants.

Tu payais pour entrer au park ?
Je ne me souviens plus vraiment. On ne sortait pas beaucoup de notre coin pour aller à l'extérieur, surtout lorsque Sparks a ouvert. Si on partait, on prenait le van avec le photographe Craig Fineman et on allait faire des photos pour une journée d'ouverture de park ou une démonstration à L.A.

As-tu fait quelques démos Pepsi ?
J’ai skaté cette rampe une seule fois, elle était très glissante et étroite. C'était suicidaire ! Vraiment haute des deux côtés, elle avait tellement de vert qu’on ne pouvait même pas sortir les roues !

Quel est le premier Hester-Pro Bowl auquel tu participes ?
Avec le team Sims, nous sommes allés à Big O pour le contest d’Hester. Je skatais un plateau de 33 pouces et j'étais encore petit en taille. Cette planche ressemblait à une longboard pour moi ! Quand j'y pense aujourd'hui, cela semble étrange… Mais ça m'a aidé en un sens ! J'ai obtenu la troisième place dans la catégorie one-wheeler.
Je n’avais pas participé aux Hester-Pro-Bowl Series de Spring Valley et de Newark.
À Big O, j'ai eu une photo de moi faisant un edger. C'était mon premier vrai contest Pro. J'ai entendu D. David Morin de Kryptonics ou quelqu’un d’autre qui annonçait : « Et voici Doug de Montmorency » pendant que Van Halen passait dans la sono. C'était intense ! Craig Fineman et Kirk Putnam, un autre mec Sims, nous avaient mis dans un hôtel. Ils nous avaient donné 20 dollars pour la nourriture et j'ai me suis dit : "Waouh , super ! Voilà ce que c’est d'être un pro ! ». J’ai pas mal traîné avec Ray Bones, il était cool. Il est même venu avec nous, skater Golf'n'fun à Santa Barbara. Quoi qu'il en soit, je ridais ma 33 pouces. Je pense que je devais aller plus vite, mieux carver et faire de meilleures lignes car je suis allé en finale cette fois et j’ai fini à la dixième place.


Qui d'autre as-tu croisé à ce contest ?
Je me souviens de Tim Marting rentrant les premiers rock'n'rolls. Bobby Valdez faisait ses inverts. Beaucoup n’en avaient encore jamais vu. Je pense que c’est là qu’a été photographié la page centrale dans Skateboarder Magazine, avec son bras dans le plâtre. C'était tellement cool. Mais, j'étais trop jeune pour participer aux festivités d’après contest…

Est-ce que certains skaters snakaient les autres concurrents ?
Je pense que les séances d’entraînement étaient un peu surveillées, mais les snakers me passaient quand même devant.
Je me souviens de Mike Folmer qui sautait le chanel. Il a eu une séquence, mais Steve Schneer, un local, le passait encore plus haut. Il n'a jamais eu beaucoup de médiatisation, mais il était bon, rapide.
Le contest suivant auquel j’ai participé était celui de Winchester. J'étais déjà un peu plus connu quand je m’y suis présenté. J'avais rencontré Bryan Buck et quelques autres comme Tim Marting à Big O.
Plus tard, j'ai rencontré George Orton à Paramount. Il n'avait aucun style, mais il avait de sacrés “couilles“ ! Il était bâti comme un joueur de football américain. Il faisait d'énormes airs qui médusaient tout le monde. Sims l’a fait entrer dans le team immédiatement, Tom l’a voulu tout de suite. Orton tombait souvent violemment !
Je me souviens aussi de Jimmy Plummer qui skatait très vite et qui était très agressif sur son skate. Salba aussi m'a impressionné parce qu'il était mécanique. Il a fait tellement de trucs dans sa carrière, sans jamais avoir arrêté… Pourtant, je trouvais que son style était laid, à la différence de son frère, Micke, qui était de ma génération, comme Ray Bones.

Tu es un peu le chaînon manquant entre l'ère de style et l'ère du trick…
Je voulais aller vite, mais Chris Strople a eu aussi une grande influence sur moi. Comme je le disais, il m'a appris comment faire les alley-oop et les alley-oop handplants. La façon dont il les faisait était si rad, c'est ce que m'a servi de modèle plus tard au skatepark de Sparks à Santa Barbara.

Revenons au contest de Winchester. Comment ça s’est passé pour toi ?
Attends, en y réfléchissant, je pense qu'il y a eu un autre contest avant, à Milpitas. Un Pro-Am, où Marc Hollander est arrivé deuxième et a obtenu une photo dans Skateboarder Magazine. Je n'ai même pas fait les finales. Je skatais ma Taperkick 33 pouces et j'ai eu aussi ma photo dans le mag, avec comme légende «D. De Montmorency a montré des éclairs de génie, mais il a encore échoué aux portes de la finale.» !
Ma board était monté avec des Gullwing Phoenix.

T’arrivais à bien grinder avec ces trucks ?
Oui. Il y a des photos de moi train de grinder en frontside dans l'article «Who’s Hot ?» de Skateboarder. Je ne sais pas pourquoi j’utilisais ce modèle. J'étais sponsorisé par Gullwing, ils me payaient environ 200 dollars par mois donc c'était génial ! Mike Goldman était responsable de Gullwing, c’était un skater de la génération de Russ Howell, Skitch Hitchcock, etc.
À cette époque, je suis allé avec tous les mecs de Santa Barbara à ce contest Pro-Am à Atascadero, au nord de Santa Barbara. Celui-là, je l’ai entièrement déchiré ! J'ai fait des trucs comme des side slides et des frontside rock walks. C'est là que j'ai rencontré le team Haut, avec Scott Parsons, Kevin Reed et son partenaire Niccoli. Je ne me souviens plus le nom du park où a eu lieu cette compétition. J’ai décroché la première place.

On arrive à Winchester donc…
À ce moment-là, je traînais souvent avec Brad Bowman. Cette pool était vraiment bien, une des meilleures. On avait rencontré Caballero au park de Campbell juste avant le contest. Sims le voulait dans son team.
Winchester était bien, mais Marc Hollander m’avait fait picoler, vraiment beaucoup, pendant que nous étions à la piscine de l’hôtel. J’ai réagi en le repoussant et je me suis tordu le cou. Je ne pouvais plus skater normalement à cause de ça… J’étais vraiment malheureux. J’en pleurais. Le lendemain, je suis allé voir Craig Fineman qui était le photographe du team Sims, en chialant : « Je ne peux pas skater !». Mais j’ai quand même fait le contest. Je n’ai pas si mal skaté puisque j’ai terminé deuxième ou troisième dans l'épreuve de double avec Gary Atchinson, un autre skater Sims qui n’est pas resté très longtemps dans le team. Mes résultats n'ont jamais été aussi bons ! (Rires).

Marc Hollander était comme un grand frère qui joue de sa force ?
Oui, pourtant nous skations souvent ensemble. On était très proches. Mais même s’il était vraiment bon et constant, il n'a pas eu beaucoup de médiatisation alors que j’ai obtenu un grand nombre de pubs et de photos. Il n’était pas très visible. C'était Skateboarder le média de référence, pas encore Thrasher. J'avais commencé à faire des backside airs à ce moment-là. Sims m'appréciait parce que j'étais jeune, élégant et je commençais à être connu.

As-tu rencontré Duane Peters ?
Pas à ce moment-là. C'est bizarre, il n'était pas encore connu à ce moment-là. Il est arrivé au moment où j'ai commencé à disparaître. En août-septembre 1978, je commençais à avoir plusieurs pubs et mon nom circulait. J'avais déjà fait quelques pubs marquantes, comme celle de la piscine de Jane Fonda, toujours avec ma Taperkick de 33 pouces. Puis, il y a eu le dépliant noir et blanc fait dans le snake de Reseda. Je suis au premier plan, en train de faire un invert, Lonnie Toft et Brad Bowman sont derrière. Nous avions fait la prise de vue la nuit.

Quelle est l'histoire avec la piscine de Jane Fonda ? Comment l’aviez-vous découverte ?
Jane Fonda avait un ranch avec des animaux et Tom Sims connaissait quelqu'un qui s’en occupait. Il a dit à Tom que la piscine dans la propriété allait être détruite et Tom a vu l'opportunité de faire quelques clichés originaux.

Comment était la piscine ?
C’était une piscine carrée. Avant la session, Chuck Barfoot a peint la piscine en rouge et blanc. Je skatais avec des lunettes de soleil parce que la lumière du soleil était complètement aveuglante !
Cette photo, prise pour la pub Sims, est l’un de mes préférées.

Aimais-tu skater en contest ?
Eh bien, je dois dire que c'était amusant au début. Jusqu'à ce que la pression monte et que je sente qu’il me fallait toujours apprendre de nouveaux tricks. J’ai ressenti la même pression en snowboard lorsque j'étais responsable du team pour Barfoot.

Est-ce que Tom Sims vous mettait la pression pour les compétitions ?
Sims? Non. Craig Fineman était le team manager et il était super cool. Kirk Putnam s’occupait aussi un peu de tout. Lui et Fineman étaient aux commandes des choses. Sims était un mec bien.

Et la marque Haut ? Qui s’en occupait ?
Il y avait ce gars, Bob Skinner, qui s’occupait du team Haut, de Doug Haut. Ils étaient en compétition avec les gars de NHS. Qui était à la tête de NHS déjà ?

Novak, Swenson, Shuirman puis Fausto qui est décédé il y a quelques années.
Fausto est mort ? Independent était cool. Ça me rappelle Mofo. Lui aussi était un sacré personnage…

Ils l'avaient recruté pour faire des photos et écrire pour Thrasher.
Ah, il faisait ça chez Thrasher ? Je ne savais pas. Quoi qu'il en soit, j'ai passé beaucoup de temps avec les gars Haut parce qu'ils vivaient près de chez moi, en particulier Eric Halverson, un hippie qui venait de mon ancienne école. Sa mère aussi était une hippie pure et dure. Il est entré dans le team Haut. C’était cool pour moi, parce qu'il était de Santa Barbara, de Sparks. Je pense que Bowman et moi, avons fini par rester dans sa maison avec le team Haut et que nous étions, tous les deux, prêts à signer avec Haut. Haut a même fait une board pour moi que j’ai skaté un petit moment avec un autocollant Sims collé dessus ! (Rires) Ça n'a jamais abouti, nous avons continué à skater chacun de notre côté. Brad est retourné à Los Angeles et moi, à Santa Barbara.

Tu sembles ressentir de la loyauté envers Sims ?
Oh oui. C'était toute ma vie. Je n’envisageais pas de skater pour d'autres compagnies. Pourtant, j'ai skaté pour différentes marques de roues et de trucks. Les shorts Skatepads aussi, nous ont sponsorisé un moment, ainsi que les casques Flyaway.

Et les sacs Robinak ?
Je connais toute la famille de Robbie Robinak. Aujourd’hui, son frère est avec mon ex petite amie, accro à la crystal meth malheureusement. Il est devenu dépendant. Robbie a également grandi avec Tom Sims et Chuck Barfoot, autour de Mountain Drive. Il a commencé à faire des sacs de skate dans son garage. Je ne sais pas s’il fait toujours quelque chose avec des sacs aujourd’hui…

Tu avais des pubs Robinak avec Bowman, dans chaque numéro de Skateboarder Magazine. Tu étais payé ?
Pas vraiment, sauf par Gullwing qui était assez cool. Je gagnais de l'argent avec Sims si j'avais une photo dans un magazine. Si je gagnais de l'argent dans une compétition, il me payait le double ! Mais je n’avais pas encore de mon nom sur une board, donc je n’avais pas de salaire.

Et après Winchester, quels contests fais-tu ?
Peut-être était-ce celui de Milpitas après tout… J'ai fait un invert à l’entraînement, mais je ne l'ai pas rentré en finale plus tard. J'étais tellement heureux d’avoir fait cet invert que je me foutais de la compétition. Ni Brad Bowman, ni Marc Hollander les faisaient encore. Et j'avais enfin ma signature sur une board large en 10 pouces ! Tom Sims avait dessiné lui-même ma signature sous la planche, comme celle de Brad d’ailleurs ! Et j’avais un autocollant Strople sur ma Sims pendant le contest ! CS !

Sais-tu que ton modèle est très recherché par les collectionneurs ? Certains paient jusqu'à 1500 $ pour cette planche…
Je n'en ai même pas une. Mon frère aîné qui est un mec très chouette, et pas du tout ce petit merdeux de 14 ans fumeur d’herbe que j’étais à l’époque, aurait dû en garder une pour moi !

Et Upland ? Es-tu allé rouler là-bas ?
J’y suis allé deux ou trois fois, avant que le Combi-pool soit construit. J'avais beaucoup de respect pour Tay Hunt. Le team Sims n’y allait pas, sauf peut-être Wally. Je n'ai jamais skaté Baldy non plus. Tu te rappelles d’Harvey Hawks ? Il vient de sortir de prison et Marc Hollander le connaissait d’Upland. Il avait des lunettes la première fois je l'ai vu là-bas. Il m’avait impressionné, il était vraiment bon.

Et les locaux du park, comme Salba ?
C'était avant que je sois conscient de tout ce qu’ils représentaient, donc je ne les ai pas vraiment remarqués. Mais la raison pour laquelle Harvey Hawks me vient à l'esprit est que non seulement il était bon, mais qu’il avait  été mordu par un serpent à sonnettes à Mt Baldy. Il était presque devenu aveugle ! Ça explique qu’il portait ces lunettes aux verres très épais. Mais, toute cette scène était assez loin de chez nous donc nous la fréquentions peu.

Ok. Donc la première Hester serie est terminée. Que penses-tu de ton parcours dans ces contests ?
J'étais assez apprécié et populaire, mais je n'ai jamais eu d'énormes résultats en compétition. Je suis allé avec Bowman à l'une des cérémonies organisée par Skateboarder Magazine, les Skateboarder polls award. Je ne me souviens vraiment pas de grand chose. Je pense que j’étais assis à côté de Micke Alba. C’est tout ce dont je me souviens…

En 1978 et 1979, tu étais sur la liste pour élire le skateboarder de l’année !
Ouais, je ne me souviens même pas comment j’étais habillé pour la cérémonie ! (Rires)

Après ces contests, tu es allé à Cherry Hill avec Bowman…
On faisait aussi des démos ensemble dans des endroits comme Grand Rapids, dans le Michigan.
J'ai aussi fait des trucs avec la famille Losi. Alan avait une sœur terrible. Brad était très branché, look Hollywood, vraiment élégant et bien fringué. Je me souviens que je suis resté chez lui à Los Angeles puis on est allé chez Strople. On s’est retrouvé à skater Del Mar ensemble. C’est là que j'ai eu ce poster central dans Skateboarder en backside air. Strople mettait cet album de The Tubes “Remote Control“ avec le morceau “Check this out“. Depuis que je l’ai entendue, j’ai cette chanson dans ma tête et elle a affecté le reste de ma vie ! Parfois, je les regarde même sur Youtube jouer quelques chansons ! (Rires)
Peu après, nous avons fait ce voyage autour des États-Unis. Je pense qu'il était payé par les skateparks qui nous invitaient. Avant le décollage de LAX, nous étions dans l’avion et Brad s’est levé allumer un joint dans les toilettes. J’y suis allé à mon tour. Brad était assez malin pour évacuer la fumée dans le trou de l'évier, mais moi, j’ai déclenché l'alarme incendie ! (Rires) On frappe à la porte et une hôtesse de l'air me dit : « Vous allez avoir un tas d'ennuis, jeune homme». J'étais un jeune hippie, je n'avais jamais pris l'avion et je me retrouvais piégé avec un joint dans la main… J’ai couru vers mon siège dire à Brad que j'avais été pris sur le fait. Finalement, j’ai discuté avec eux et ça s’est arrangé. (Rires)
Nous sommes arrivés pour faire une démo dans ce park glissant vraiment merdique, couvert de poussière. Les propriétaires, des millionnaires, nous ont installé dans leur maison. Il y avait des chasse-neiges à l'extérieur et j’hallucinais car je n'avais pas vu autant de neige auparavant…


Et Cherry Hill donc…
Je ne sais plus si j’y suis allé une ou deux fois.

Tu as eu quelques-unes de tes meilleures photos là-bas avec ton pro-model !
Tom avait donc simplement écrit mon nom en signature, et il m'a dit « Apprends donc de ça maintenant !».
Quand nous sommes arrivés à Cherry Hill le jour de l'ouverture officielle du skatepark, c’était irréel. Le parc était génial, les gens criaient et je n'avais jamais ressenti ça avant. Ils voulaient des autographes ! Brad était assez mûr pour voir quel profit il pouvait en tirer avec les nanas, mais moi, j'étais trop jeune… Fineman a fait une dizaine de photos de nous, en train de faire ces doubles, qui sont devenues célèbres. Je ne pense pas avoir été une influence pour Brad, il ne m’a même pas mentionné dans son interview dans Juice. (Rires)
La pool principale avait beaucoup de vert et de grandes transitions. Elle était incroyable. C’est Wally Holliday qui avait conçu ce magnifique park indoor.
Dans la soirée, Brad était parti avec une nana et nous sommes allés à la maison du propriétaire du park avec Alva, Strople, Shogo, le team Haut et un tas d'autres skaters. À l'hôtel, il y avait une fête de folie avec Brad et Fineman. J'étais couché dans mon lit, à grincer des dents… Un sacré délire ! (Rires)
Nous sommes restés à Cherry Hill environ une semaine.

Est-ce que Sims te payait un salaire maintenant que ta board était sortie ?
Ouais, environ 200 dollars par mois. J'avais 75 cents sur chaque board. J'étais à mon maximum à ce moment-là.

Parle-nous de ton frontside air à deux mains.
Je suis souvent crédité pour avoir fait ça, mais j'ai eu l'idée en voyant un mec inconnu le faire dans un vieux magazine. Après, Scott Foss les a fait et il dit qu’il avait été influencé par ma pub pour Gullwing…

As-tu eu le temps de skater avec Bert Lamar ?
Oui, j’allais parfois dans chez lui. Je pense avoir skaté avec lui à Reseda, avant qu'il devienne célèbre. C’était un petit enfant gâté, ses parents avaient pas mal d'argent…
Moi, après cet épisode de Cherry Hill, j'ai commencé à disparaître de la scène…


CONTINUES ON PART 3

 
Char Bowl, une session avec David Hyde, Doug de Montmorency, Jimmy Lazell et Marc Hollander, 1977. (M. Hollander archives)

Char Bowl, publicité pour les shorts Skatepads dans “Skateboarder Magazine“. (Doug est debout à l'arrière plan, au bord de la piscine)

Gary Russel, Scott Hanson, Doug de Montmorency, Sims Team.
Doug de Montmorency, Endless Wave, “Skateboard World“, may 1978.
Sims ad, Doug de Montmorency, Lonnie Toft and Brad Bowman, 1978.
Doug de Montmorency, Sims ad in “Skateboarder magazine“, 1978.
Sims Taperkick, 10.0, Doug de Montmorency model, 1978.
Who's Hot in “Skateboarder Magazine“, febrary 1979
Doug de Montmorency, Gullwing ad, 1979
(photo: C. Fineman)
Doug de Montmorency, Jane Fonda's pool, 1978.
Doug de Montmorency, Brad Bowman, Robinak ad, 1979. (photo: C. Fineman)
Doug de Montmorency, Marina del Rey, 1979. (photo : T-Bone)
Doug de Montmorency, Brad Bowman, Cherry Hill, 1979. (photo : C. Fineman)
Doug de Montmorency, Cherry Hill, 1979. (Photo : G. E. Friedman)

 

 
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