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Doug De Montmorency :
exclusive interview 2014
Ok, commençons par le début. Pourquoi Dario ? Tu as des racines italiennes ?
C'est du côté de mon père. Ce n'est pas sur mon certificat de naissance, mais c’est inscrit sur mon passeport !
Où et quand es-tu né ?
À Santa Barbara, le 19 octobre 1964.
Et ton nom de Montmorency, à consonance française…
Mon père venait de Marseille. Mais je ne connais pas bien l'arbre généalogique de son côté, je n'en ai même pas la moindre idée…
Que faisait-il ?
Il est né à Marseille, puis il est venu en Californie dans les années soixante. Il a épousé ma mère en Californie. À ma naissance, ils ont assez rapidement divorcé et je n'ai plus eu aucun contact avec lui par la suite. Il était un musicien. Je pense qu'il a rencontré ma mère dans un bar de jazz de New York. Elle était musicienne elle aussi. Elle a joué avec de nombreux grands noms comme Miles Davies par exemple.
Et toi, tu joues d’un instrument ?
Un peu de piano, mais on est tous musiciens dans ma famille.
Ta mère était chanteuse ?
Non, en fait, elle est née dans une famille républicaine américaine, typique, donc bien sûr, ses parents lui ont fait prendre des cours de musique à l'école. Elle a beaucoup joué du piano dans un orchestre. Elle a même passé son diplôme de maîtrise en musique. Elle a été forcée par ses parents qui étaient stricts, à jouer du piano classique.
C'est un peu comme ça en France, aussi. Les enfants de bonne famille doivent savoir jouer du piano. (Rires)
Au bout d’un moment, elle en a eu assez, elle a dit à ses parents d’aller “se faire voir" et elle est partie à New York. Avec son talent pour la musique, elle a fini par jouer dans les bars de jazz dans les années soixante.
Était-elle autour de Greenwich Village ?
Je ne sais pas, mais elle a joué avec Miles Davis, Stan Getz, Charlie "Bird" Parker et plusieurs autres...
C'est incroyable !
Elle était humble à ce sujet et elle ne m'en a jamais vraiment parlé. De toute manière à l’époque, je ne connaissais pas ces noms jusqu’à ce qu’elle m’en dise plus sur eux. Toujours est-il qu’elle a rencontré mon père qui était un bassiste de stand-up. En fait, je ne sais pas s’ils se sont rencontrés en Californie ou à New York… Mais ça a été rapide, mon père étant un musicien et… Un peu coquin. (rires)
C’était un musicien de studio ?
Non, il était juste musicien amateur, non-professionnel. Ma mère non plus n'a jamais voulu faire de la musique pour en vivre.Elle en a fait surtout pour s'amuser.
Ta mère a donc tourné le dos à son éducation et elle est devenue la première rebelle de la famille.
Oui, et depuis les années 60, elle est restée en Californie où elle a fini par vivre le style de vie hippie, typique. C'est comme ça que j'ai grandi, comme un hippie. Un vrai hippie.
Ta mère avait un nom de scène ?
Je ne sais pas si elle utilisait son prénom Betty… En fait, je pense que son surnom, Kalina, est devenu son vrai nom : Kalina de Montmorency. Elle n'était pas célèbre, elle n'a jamais voulu faire de l'argent ou devenir connue. Donc nous avons été élevés très modestement, vraiment pauvres. C’est dans cet environnement hippie que j'ai évolué depuis l'âge de quatre ans, et c’est là que j'ai rencontré mes amis, Tom Sims et Chuck Barfoot.
Donc vous viviez nu-pieds (Barefoot) ?
Ouais, exactement !
C’était à Santa Barbara ?
Dans les petites collines derrière, à Montecito pour être précis. Montecito est un endroit agréable et riche, mais derrière, plus dans les collines, il y a cette petite zone un peu à part, appelée Mountain Drive. C’est là que j'ai vécu la majeure partie de ma vie. Cet endroit est situé à quelques kilomètres du Tea bowl dont on parlera plus tard.
Enfant, quel est ton passe-temps favori ? Avais-tu un Sting-ray par exemple ou faisais-tu des sports plus traditionnels ?
À l'école primaire, j’ai fait de l’athlétisme pendant un certain temps. C'était vers le CM1, j'avais 7 ans ou 8. En même temps, je roulais beaucoup en vélo, style BMX, même si ce n'était pas vraiment le BMX qu’on connaît aujourd’hui. Plutôt le style Sting-ray / Schwinn en moto-cross. Mes deux frères…
Attends, tu as deux frères ?
Ouais, des demi-frères du côté de ma mère, issus de son premier mariage. Elle les a eu dans la première partie de sa vie, la plus conventionnelle, celle dont je parlais au début. Mes frères ont au moins dix ans de plus que moi, mais ils ont toujours vécu avec nous. Eux aussi étaient hippies.
Ils se sont aussi rebellés contre leur éducation ?
Disons que mon père aurait voulu qu'ils soient élevés de manière plus académique mais ils ont choisi de vivre avec leur mère.
Donc ta mère a obtenu la garde et le soutien de ses enfants…
Oui et j'avais aussi un ami qui était comme un demi-frère pour moi. Il avait des parents qui étaient assez emmerdants, vraiment stricts. Il s'est enfui de sa maison et il est venu vivre chez moi. Il a été accueilli par mes frères et il a vécu tout le temps avec nous dans les collines derrière Montecito. J'ai grandi avec lui et il a eu une influence majeure sur moi au moment où il s’est radicalisé. Il s’appelait Gordon, mais on le surnommait “Gordo“, ou "la mouche". Je ne sais d’où venait ce surnom mais il était vraiment radical. Si je prenais mon tricycle, il arrivait : « Hé, attends Douglas !". Il y attachait une corde et se mettait à courir aussi vite qu'il pouvait, en le tirant dans les petites collines ! Il était vraiment créatif. Il a même essayé de construire des ailes en bois parce qu’il rêvait de s’envoler de la petite colline ventée sur laquelle nous vivions. Il était vraiment sauvage.
As-tu grandi dans ce style de vie alternatif où toute la famille fumait de l'herbe ?
Oui, ça a toujours été présent autour de nous. Ma mère avait expérimenté tous les trucs des années soixante comme le LSD et tout le monde fumait de l’herbe, mais pas de drogues dures. Mon frère aîné, qui était resté un peu plus longtemps avec son père, était sérieux à l'école, mais le plus jeune a grandi avec nous en consommant de l’herbe. Il faisait pousser la meilleure du quartier. Il faisait des soirées et tous les autres hippies y venaient et moi, je traînais avec eux. J’avais 6 ans et eux étaient de grands adolescents. Je les entendais parler de manière crûe à propos des nanas et de toutes sortes de trucs. Lorsque les filles se pointaient, j’étais vraiment un sale gosse, un peu pervers. Elles allaient et venaient autour de moi : « Oh, regardez un peu Douglas, il est si mignon ! ». À l’âge de sept ans, je leur sortais : « Vous voulez juste baiser ! ». Je parlais très mal aux filles : « Vous voulez juste vous faire sauter, hein ! ». (Rires). Mon frère m'a raconté tous ces trucs parce que je ne m’en rappelais pas. Quand ils faisaient des fêtes avec des groupes qui venaient jouer et que tout le monde dansait, je traversais la piste de danse et je tripotais les filles, tout ce genre de conneries…
Comment réagissaient-elles à ces provocations ?
« Oh le petit Douglas, il est si mignon ! » (Rires)
J'étais un gosse avec look qui se remarquait avec une coupe afro. En fait, mon papa était métis et j’ai la peau mate.
Quel est le mélange ?
Il est Sicilien, avec une certaine influence des Maures, je suis sûr qu'il y a du sang noir ou arabe dans le mélange. De toute façon, pour en revenir à la famille, j'étais trop jeune pour fumer avec eux, ils me laissaient juste finir en tirant sur le filtre …
Comment s’est passé ta scolarité ?
Au début, quand j'avais 6 ans, j'étais dans une école qui s’appelait : The Free School. Tous les hippies du coin avaient organisé une école alternative dans un parc où les enfants apprenaient des choses comme la céramique, le théâtre, etc.
Puis, je suis allé à l'école à Montecito, qui est l'endroit où tous les gosses des riches propriétés alentour allaient, des gens comme Steve Martin, beaucoup d'acteurs. Je suis donc allé à cette petite école à proximité de chez moi. C’était difficile parce que, pour déjeuner, je voulais apporter mon sandwich bio avec des céréales, un avocat et du pain complet, pas de pain blanc ni sucre ou des aliments malsains. Les autres enfants avaient leurs leçons de tennis et tout ça et j'étais l'enfant de hippie qui savait rouler des joints… Ma mère m'a toujours enseigné de m'en tenir aux produits naturels, y compris les champignons, pas de médicaments de laboratoire. Je suis heureux d’avoir été élevé comme ça, je connais tellement de gens qui ont disparu à cause de mauvaises habitudes.
En primaire au CE1, j'étais à l'école dans le quartier où étaient Chuck Barfoot et Tom Sims. J'ai aussi rencontré Marc Hollander qui allait dans une école de la communauté hippie. Ma mère ne l'aimait pas et me disait de rester loin de lui.
Elle devait avoir senti une mauvaise vibration…
Ouais, elle était très spirituelle. (Rires)
Ces personnes étaient plus âgées que toi ?
Ouais, ils avaient dans la vingtaine, moi j'avais 8 ans. Ils avaient déjà commencé à skater dans la rue.
As-tu des souvenirs de la première vague de skate des années 60 ? Est-ce que tu avais déjà entendu parler du skate ?
Non, pas du tout. J'étais toujours dans l’athlétisme et j’étais très rapide. Je gagnais toujours les épreuves. Mais je n’étais pas passionné par ça. Je commençais à m’intéresser aussi aux motos.
Comment as-tu eu des motos ?
Je ne pouvais pas en avoir. Un jour, j'étais à un mariage, dans le voisinage, sur les hauteurs de mon quartier, et mon meilleur ami est arrivé sur une mini moto, une petite Honda avec de petites roues. J’ai fait : « Waouh! ». Il m’a demandé si je voulais aller en faire chez lui. Chaque membre de sa famille avait une moto, donc, j'ai commencé à en faire avec eux, sur leur propriété remplie d'avocatiers et toute une végétation exotique. Ils avaient construit quelques bosses et son père avait fait du moto-cross en compétition. Il était vraiment bon. Cette maison familiale est devenue ma seconde maison, je dormais là tout le temps. J’y ai passé une grande partie de mon enfance, j'étais tout le temps fourré chez eux. Ils m'ont aussi appris le ski.
Où allais-tu en faire ?
À Mammouth Mountain, en Californie.
Donc à ce moment-là, tu fais principalement de vélo et du moto-cross ?
Oui, Tom Sims avait déjà commencé à construire ses boards à partir de skis nautiques et ça se passait dans mon quartier. Il les faisait dans son garage, avec de la résine et du sable.
Le voyais-tu skater dans la rue ?
Oui. Un jour, il a organisé une petite compétition dont je me souviens. Il l'a fait sur une route privée, dans notre communauté hippie. Eddie Robertson du team Sims originel et Scott Hanson du Juice bowl étaient là. Marc Hollander aussi. C'était principalement du slalom.
Tu étais le plus jeune ?
Je n'étais pas dans la compet, je les observais de mon vélo et je me disais : « Waouh »!
Quel genre de roues avaient-ils ? En uréthane ?
Ouais, ils avaient les Sims Pure Juice, rouges.
Donc, tu as sauté l’étape des roues en argile ou en acier.
En réalité, j'avais un skate, un Black Knight. Mais je ne me rappelle pas en faire, je l’avais juste dans un coin. Je pense que ma mère me l'avait donné pour Noël et qu’elle l'avait acheté dans un magasin qui s’appelait Western Auto. J'ai joué avec lui comme avec un jouet, mais je ne me souviens pas de l’utiliser comme un skate.
Quel âge avais-tu à ce moment-là ? 9 ans ?
Oui, la compétition Sims est vraiment restée gravée dans ma mémoire. Je me souviens de voir Scott Hanson et je me disais : "Waouh , ce mec est cool !". Vous devez savoir qui était Scott Hanson. Il n'a jamais fait une carrière de pro, mais il a été un pionnier. Scott a eu une grande influence sur moi, je suppose qu'il avait juste l'air très cool…
Il n’a pas été dans quelques films ?
C'était David Hyde. Quel était ce film déjà ? "Skateboard" avec Tony Alva et Leif Garrett ! Voici une anecdote à ce propos : le grand-père de la famille Hyde possédait beaucoup de propriétés et il vendait des terrains vraiment bon marché à des gens pauvres. Il les aidait à construire leurs maisons.
David Hyde, le petit-fils, était dans le team Sims, mais il était plus jeune que moi.
Pour en revenir à cette première compétition, j'étais là sur mon petit vélo, craintif et observant jalousement ces types incroyables. Et tous les mecs de cette époque avaient de longs cheveux…
Les skaters avaient-ils encore des longboards à base de ski nautique ?
Ou, mais ils avaient aussi des planches plus courtes qui étaient en fibre de verre bleu, des boards Sims, je ne me souviens plus de leur nom. Elles étaient monté avec des roues Pure juice et des Sims Comps et aussi avec ces roues slalom, avec des bandes en relief.
Après cette compétition es-tu allé voir Tom Sims pour lui demander une board ?
Non, pas ce jour-là, mais j’y suis passé plus tard et il m'a proposé quelques roues et des trucks ACS. J'ai fini par avoir mon premier skate qui s’appelé "T-six short stuff", en métal. J'avais les roues Sims Bowlrider très larges à l’arrière et des Sims Comps à l’avant, style dragster. Je pense que j'ai commencé à rider avec mon meilleur ami Kenny sur cette route appelée Riven Rock à Montecito. Il y avait une autre route près de l'Université où Scott Hanson et Tom Sims skataient. On peut voir quelques vieilles photos de ces endroits sur Facebook maintenant.
Comme je le disais, je connaissais aussi un peu Marc Hollander à ce moment-là, mais je ne skatais pas encore avec lui.
Dans ton "Who’s Hot" dans Skateboarder Magazine en 1979, tu parles aussi de Steve Monahan et Richard Vanderwick ?
Ils faisaient partie du team Sims originel à l’époque du Tea Bowl. Il y a des photos connues de Monahan sautant du fourgon bleu Sims. C’étaient des surfers de Ventura, comme David Miller qui faisait aussi partie du team. J'ai grandi avec le surf aussi, j'ai barboté toute ma vie mais sans prétention. Je ne suis jamais devenu accro.
Je ne sais pas comment Tom Sims a fini avoir Vanderwick et tous ces types dans son team. Peut-être que Lonnie Toft était la connexion entre Sims et les gars de Ventura. Un jour, Marc Hollander m'a vendu sa Zephyr en une forme de banane, bleue. J'ai mis mes ACS avec les deux différents sets de roues Sims et elle était très bien. Après cela j'ai commencé à aller skater le Tea Bowl.
Tu n’étais pas le prototype du skateur/surfeur ?
Si j’en faisais, mais je n'ai jamais été vraiment satisfait. Chaque fois que je sortais de l'eau, j'étais frustré. Surtout à cause du monde à l’eau. J'étais un local et je pouvais bien prendre les vagues, mais quand les grandes séries entraient, je pense que j'avais peur de la mer, même si j’arrivais bien lire les vagues qui arrivaient. J'y allais avec Scott Hanson et un mec plus jeune, Tom Curren. Il skatait aussi avec les gars de Sims à cette époque. C’était un copain, pas du skate mais il a grandi dans les montagnes avec son père et nous avons joué dans la neige ensemble, on a fait des trucs comme ça. Il est allé à fond dans le surf ensuite, sa maman l'a peu à peu éloigné de nous.
Est-ce que Ventura est proche de l'océan ?
C’est comme à Santa Barbara, mais plus au sud, à environ 40 minutes en voiture.
En achetant ta Zephyr, avez-tu déjà entendu parler des Z-Boys ?
Non, j’ignorais tout de cette histoire.
Tu l’aimais sans savoir ce que la marque représentait.
Ouais, je savais juste que Sims faisait roues.
Sims a commencé à produire des roues avant les
planches ?
Non, ses planches étaient des sortes de grands skis nautiques qu’il utilisait lui-même et peut-être quelques autres. Lorsque Sims s’est vraiment fait connaître, ça a été avec les roues Pure Juice, rouges. Les premières planches Sims étaient en fibre de verre, bleues. Les roues avaient des roulements étanches, mais d'un côté il y avait un couvercle d'étanchéité en caoutchouc.
Je pense que Marc Hollander a été une des premières personnes à skater pour Sims. Je devrais lui demander ce genre de détail. Il est encore très actif dans le skate. Il a continué à en faire, même après l’effondrement des années 70. Il est dans la musique aujourd’hui.
Il a même fait la couverture de Thrasher en 1990 !
Il était là dès l’origine de Sims et il était du même quartier que Tom.
Tom Sims était un hippie lui aussi, il en avait le look. Il ressemblait à Jésus-Christ. Il vivait dans une maison dans un arbre !
Est-ce que son atelier était chez lui dans son garage par exemple ou est-ce qu’il avait une sorte de magasin ?
Je ne sais pas. Tout était fait à la main. Il se faisait peut-être aider par une famille appelée The Shott. Je ne sais pas exactement ce qu'il faisait avec eux, mais le père de cette famille était un bon charpentier ou quelque chose d’équivalent. Ils étaient tous dans le même quartier.
Est-ce que Chuck Barfoot travaillait déjà avec Sims à ce moment-là ?
Je ne m'en souviens pas très bien. Ils sont tous les deux originaires du New Jersey. D'une certaine manière, les racines de snowboard sont dans le New Jersey. Barfoot était toujours autour de Sims, ils étaient très amis. Avant que le snowboard fût inventé, Chuck bossait à l'atelier de Tom. Il faisait différents trucs, comme la sérigraphie et ainsi de suite. Je me souviens qu'ils venaient à nos fêtes locales et qu’ils étaient toujours autour de nous.
Comment as-tu découvert le Tea Bowl ? Était-ce avec des skaters plus âgés ?
Non, j’avais l'habitude d'y avec mes frères quand j'étais petit, il y avait des hippies qui se baignaient là-bas. C'était une énorme propriété avec une maison de maître des années vingt ou trente. Elle a été détruite par un incendie. De haut en bas de cette colline, il y avait tous ces réservoirs successifs et des étangs avec des cascades de différentes formes et tailles, des petits théâtres grecs. C’était magnifique. C'était une immense propriété gardée par des vigiles qui assuraient la sécurité. De temps en temps la police faisait des rondes et tout le monde se mettait à courir et se cacher, parce que la possession d’herbe était encore illégale. Et ça durait depuis des années…
Pourquoi ces réservoirs avaient été-t-ils construits ?
Je pense qu'il y avait une source au sommet avec de beaux jardins, et tous les réservoirs fournissaient probablement de l'eau pour les arroser. Le Tea Bowl était au niveau inférieur, tout en bas. Il avait été sec pendant des années. Certains réservoirs étaient en ruines, et c’est ceux-là que l’on skatait. Beaucoup de personnes venaient, des gens de L.A., je sais que Stacy Peralta est venu un jour, mais j'étais trop jeune pour y prêter attention. Je me souviens juste en avoir entendu parler. L’endroit commençait à devenir célèbre, certains photographes se pointaient comme Steve Bicell et Greg Hoglund plus tard. Il a fait des films aussi, nous avons tourné des films avec le Brooks Institute of Photography.
Que faisiez-vous comme tricks ? Des berts et des slides ?
Il y avait une lèvre de laquelle on poussait pour partir. Sims dropait sur cette pente à 50 degrés et il carvait de l'autre côté comme un surfer sur une vague de Waimea. Les transitions étaient assez douces. Il n'y avait pas d'angle comme dans un ditch. Il y a quelques superbes photos de Marc Hollander et Tom Sims en train de faire des kickturns sur leurs longboards. Après, les gens ont commencé à faire des bertlemanns. L'objectif principal était de carver autour d’un passage serré pour éviter l'eau restante et passer sur une passerelle. On devait pomper pour passer. Il y avait aussi un gros tuyau qui sortait au-dessus duquel on carvait. Les figures consistaient principalement à faire des 180° bertslides, et les planches s'envolaient souvent. Beaucoup de gens tombaient dans l'eau aussi. Elle était stagnante et boueuse, et son contact provoquait pas mal d’éruptions cutanées !
Skater consistait encore à adapter encore des figures liées au surf.
J'ai lu qu’il y avait des fêtes la nuit là-bas…
C'est venu un peu plus tard. Un jour, je suis tombé violement : j’ai eu une commotion cérébrale et j’ai fini à l'hôpital. Je skatais pieds nus depuis le début. Plus tard, je me souviens porter un casque, et le maillot Sims, mais pas à l'époque.
Plus tard, ils ont fait sauter le réservoir, il a été dynamité ! Mais à ce moment-là, les skateparks étaient déjà construits, j'étais pro chez Sims et je skatais d’autres terrains. C'était autour de 1978, quand j'ai eu ma première photo dans le magazine. Mais autour de 75-76, le bowl était encore un super spot, parfait, sauf pour l'eau croupie. Je ne sais plus si c'est les flics ou le propriétaire qui a mis un terme à ça. Il se pourrait que le propriétaire ait été poursuivi parce que quelqu'un s’était blessé ou autre chose…
Comment a réagi ta mère après ton accident ?
La commotion n’était pas grand-chose. Ma mère était assez cool à propos de tout et je n’ai pratiquement pas été confronté à une autorité parentale. J'ai piqué sa voiture quand j'avais quatorze ans, une VW coccinelle classique de 1966. J'ai appris à la conduire avec Scott Hansen et je l’ai détruite dans un accident. Mon frère aîné me dit encore aujourd'hui : « Hé, c’est pas de ma faute si maman n'était pas assez sévère quand elle vous a élevé. ». Il me disait ça lorsque j'ai eu des ennuis plus tard.
As-tu skaté d’autres spots que le Tea Bowl avant de rentrer chez Sims ?
Je suis allé skater un ditch qui s’appelait le Bayou, et un autre réservoir que nous avions trouvé à Montecito, surnomé "Left and Rights», mais il n'a jamais été connu. Je n'y suis allé qu’avec des amis.
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