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Gérard Almuzara :
interview exclusive 2021
CONTINUED FROM PART
1
Promoskate
Qu’avez-vous fait lorsque que la boîte a fait faillite ?
Nous avons continué, Patrice et moi, en travaillant pour Promoskate à fabriquer des banks, des rampes. Nous avons aussi bossé avec Look Nevada pour lesquels nous avions conçu des trucks qui marchaient très bien mais qu’ils n’ont jamais développé. Le skate n’était pas un assez gros marché pour eux et ils ont préféré rester avec les fixations de skis et les pédales de vélos. C’est resté dans leurs cartons…
Tu avais quel âge à ce moment-là ?
23-24 ans je dirais…
Où est situé ton atelier ?
Rue Mademoiselle dans le XVe.
Y avait-il un team Promoskate ?
Il n’y a jamais eu de team officiel. Lorsque nous faisions des démos, nous faisions appel à l’un ou l’autre. C’était plutôt une bande de potes qui gravitait autour de nous… Rémi Backès, Rémy Walter. Les 2 Almuzara et les 2 Rémy ! (rires) Petit à petit des jeunes sont venus se greffer à nous, comme Thierry Perrain.
Aviez-vous des contrats ?
Non pas de contrats. C’était complétement informel et ponctuel.
Comment rencontres-tu Rémy Walter ? Quel genre de rapport avais-tu avec lui ?
C’était comme un petit frère avec une maturité étonnante pour un gamin de 14 ans. Il était à l’école du spectacle, il lisait du Boris Vian… Je me souviens de m’être bagarré un jour parce qu’une personne l’avait frappé. On a passé des moments inoubliables et lorsqu’on se revoit, c’est toujours un grand plaisir.
Comment vous déplaciez-vous pour aller faire les démos ? Aviez-vous une camionnette ?
Toujours en train parce que je n’aimais pas conduire et que je ne voulais pas prendre la responsabilité de traverser la France avec mes potes. Généralement, les organisateurs venaient nous chercher à la gare.
En quoi consistait une démo organisée par Promoskate ?
Ça dépendait. On pouvait faire de la rampe, du saut en hauteur et en longueur, du freestyle et un peu de slalom sur le plat.
Quel est l’endroit le plus improbable où tu avais fait une démo ?
À Séville, au sud de l’Espagne ! C’était pendant la tournée Amaya en 1979. Les organisateurs voulaient que nous skations sur le plancher de la piste de danse dans le cadre d’un festival de flamenco. C'était impossible de tenir là-dessus, il n’y avait aucune adhérence ! Nous étions passé pour des bons à rien ! (rires)
Est-ce que vous vendiez des skates GPA pendant ces démos ?
Non, je n’ai jamais vendu de skate dans ces moments-là. Je ne m’occupais pas de cet aspect.
Les rampes
Avais-tu construit des banks à transporter avec vous ?
Oui, avec Patrice nous avions construit les banks et ce que nous appelions un “rampage”, c’est-à-dire une rampe en U sans plat au milieu. Ce rampage avait les couleurs de Promoskate, bleu et rouge.
Ça doit faire partie des toutes premières rampes construites en France…
Oui. Mais avant cette rampe Promoskate, on en avait déjà fait une première avec Perspective Loisirs. Ils avaient acheté le contreplaqué et le bois et on l’avait construite avec Patrice en mars 1978. Elle était de couleur jaune sable. Perspectives Loisirs la louait pour des démos ou des événements auxquels je ne participais pas forcément.
Il y a eu au moins trois tournées d’été de skate avec des “rampages” : Europe 1, Sud-Radio et Samos…
Samos et Europe 1, ce n’était pas avec la rampe que j’avais construite. J’ai fait la deuxième tournée Europe 1 en 1979 sur laquelle il y avait une rampe démontable en métal, sur une remorque, qui était bien faite. Par contre, la tournée Sud-Radio en 1978, c’était ma rampe. Je m’en rappelle parfaitement car je l’ai monté-démonté un paquet de fois ! (rires) Elle n’était pas sur une remorque comme d’autres et il fallait l’installer au sol à chaque fois ce qui prenait un temps fou.
Que pensais-tu de la rampe Banzaï ?
Je ne suis jamais monté dessus…
Avant de construire ta première rampe, as-tu fait des essais en construisant des banks, des quarters ?
Non, je ne suis pas passé par l’étape des banks, j’ai tout de suite construit une rampe. C’est Perspectives Loisirs qui voulaient une rampe pour promotionner le skate.
Avais-tu un modèle ou un exemple qui t’a aidé ?
On avait regardé plein de photos et on avait essayait d’adapter les dimensions par rapport à l’échelle d’un skater.
Quels ont était tes premières sensations lorsque tu l’as essayé ?
Un sacré casse-gueule ! (rires)
Tu avais skaté le premier skatepark français de Saint-Jean-de-Luz. Est-ce que la pratique du bowl t’attirait à ce moment-là ?
C’était très sympa, le patron était très accueillant. J’aimais bien les bosses toutes arrondies… Le park était un peu comme ce qui se fait aujourd’hui avec les pump tracks, en goudron avec des bosses et sans coping.
Avais-tu skaté les bosses de la Courbevoie ?
Non.
Les compétitions
En compétition quelle était ta discipline préférée ?
La vitesse ! Cette discipline n’était pas toujours représentée mais j’adorais ça. Je m’y classais très bien. Je crois que j’ai été battu une fois à Toulouse par un marseillais, Pascal Blaise. Quelques jours avant, je m’étais blessé pendant une démo à Strasbourg. J’avais accroché les pieds dans les caddies que je sautais. Mon genoux avait doublé de volume !
J’ai quand même voulu faire la descente à Toulouse et je suis arrivé deuxième ! En dehors de cette course, je crois que les ai toutes remportées…
Chez les séniors ?
Pas seulement, je battais souvent les juniors. J’étais 1er toutes catégories !
Et les autres disciplines ?
J’aimais beaucoup le slalom aussi. En freestyle, j’ai fait quelques belles places notamment sur une compétition à Antibes où j’étais 1er ex æquo avec José de Matos. Le système de notation en free était particulier. Sur les notes des 5 juges, en retranchant la plus mauvaise et la meilleure note, José était premier, moi deuxième. Mes résultats dépendaient beaucoup de mes entraînements. Lorsque j’étais assidu sur une discipline à l’entraînement, les résultats en compétition suivaient.
Dans quel club étais-tu licencié ?
Mon premier skate club, c’est le NASKAS - NAtional SKateboarding ASsociation - rue Pierre Lescot. Je crois d’ailleurs que ça a été le premier club sur Paris. Il avait était créé par Gérard de Coster et Jean-Luc Scotto de la Massesse, puis est arrivé Gilles Gauthier.
Dans un article en 1978, tu évoques un projet de chorégraphie musicale sur skate à partir de la 5e symphonie de Beethoven adaptée par les Bee Gees. Que voulais–tu faire ?
L’idée m’étais venue en participant à la tournée Europe 1 pendant laquelle nous avions rencontré un des chorégraphes du Ballet Arthur Plasschaert. Nous avions commencé à nous entraîner et à répéter mais ça c’est avéré trop compliqué. Je pense qu’aujourd’hui avec le développement du skate dancing, un tel projet pourrait se faire car les skaters commencent à faire de bons enchaînements. Mais à l’époque, nous n’étions pas assez assidus pour arriver au bout…
La musique tenait-elle une grande place dans ta vie ?
Je me suis vraiment intéressé à la musique avec Rémi Backès qui était passionné et qui m’a fait découvrir beaucoup de choses.
Écoutes-tu encore les musiciens des années 70 que tu aimais à l’époque comme Santana, Cat Stevens ou les Bee Gees ?
Très rarement. Aujourd’hui je n'écoute pas beaucoup de musique.
As-tu fait toutes les coupes de France avec le club NASKAS ?
Toutes je ne sais pas, mais j’en fait pas mal puisque je suis resté 1 an dans ce club.
Comment se passe le championnat de France à Marseille en juillet 78 ? Quel est ton classement ?
C'était ma première participation à un championnat de France car en 1976, j’étais à l’armée et en 1977 je découvrais le skate. Je n'ai pas eu un bon classement… En vitesse, il est arrivé un truc bizarre. J’étais venu avec mon beau-père qui chronométrait d’habitude très bien. Il m’avait donné un très bon temps pour ma descente, mais dans le classement, je ne suis pas apparu dans les 10 premières places… En 1976, j’étais à l’armée, en 1977 je découvre le skate et en 1978, je n’avais qu’un an de skate.)
Aux internationaux de France au Trocadéro en sept. 1978, il y avait 7 pays et la France était représentée par 3 équipes régionales et 1 de France. Tu faisais partie de l’équipe de Paris. Qu’est-ce que c’était que ces équipes régionales par rapport à l’équipe de France ?
Je ne sais pas. Rétrospectivement, je me dis qu’il y avait beaucoup de skateurs à Paris et que la fédération avait dû considérer Paris comme une région…
Ton frère avait remporté le slalom parallèle devant José de Matos. Était-ce la première fois qu’il le battait en slalom ?
Oui. C’est marrant parce que le matin même, pendant l’entraînement, Patrice me disait en remontant la pente : « J’en ai marre, il me bat tous le temps ! », je lui avais répondu que son heure viendrait et c’est ce qui s’est passé l’après-midi !
Être dans l’équipe de France–Paris en quoi cela consistait-il ? Faisiez-vous des stages ? des entraînements ?
Non, rien de tout ça.
Pas d’entraîneur ?
Non, à cette époque les entraîneurs n’existaient pas, à part chez Banzaï ! (rires) On s’entraînait tout seul au Trocadéro !
Est-ce un bon souvenir avec la participation des pays européens ?
Oui, surtout que les 3 premiers en combiné toutes catégories étaient José, Patrice et moi. C’était une consécration pour nous qui étions très potes et qui nous entraînions ensemble depuis longtemps.
Mais mon meilleur souvenir, ça reste une coupe de France que j’avais gagné au skatepark de Béton Hurlant à Issy-les-Moulineaux.
Tournées
L’été 1978, tu participes à une compétition amicale à la station de ski de Tignes dans laquelle il y avait aussi des démonstrations de water jump à ski. Est-ce à ce moment-là que tu as rencontré les gens de Look ?
Non. Nous les avions rencontré la première fois sur la compétition des Internationaux au Trocadéro, après la victoire de Patrice en slalom. Ils recherchaient des skateurs pour faire les essais de leurs nouveaux trucks qu’ils mettaient au point et ils sont venus vers nous, Patrice, José et moi, qui venions de terminer premiers.
Avais-tu un contrat chez Look ?
Oui, il a duré 2 ans.
Avais-tu des primes pour tes résultats en compétition ?
Oui.
As-tu participé à la mise au point ?
Oui, avec Rémi Backès, Patrice et moi. Nous testions le matériel pendant des séances chronométrées en essayant différents trucks et différentes configurations. Très rapidement, on les a adopté car ils marchaient mieux que les autres.
Quelles étaient les caractéristiques de ce truck ?
Il était conçu sur le modèle des fixations de ski. Il y avait un ressort sur une came à la place du caoutchouc du silent bloc. Suivant l’arrondi de la came, on pouvait faire des virages longs ou secs. Ça permettait beaucoup de réglages et ils renvoyaient vraiment bien. Malheureusement, ils n’ont jamais été mis en vente…
Comment te retrouves-tu sur la tournée espagnole AMAYA ?
C’est par l’intermédiaire de Rémi Backès. Il m’a appelé à Paris pour me proposer d’en faire partie. Avant de les rejoindre, je devais aller à Antibes car Look voulait voir ce que donnaient leurs trucks sur une compétition. Le test avait bien marché puisque j’avais fait ex æquo avec José en freestyle, Patrice avait gagné le slalom et je m’étais bien classé aussi. D’Antibes je suis parti rejoindre Rémi et l’équipe Amaya à Biarrtiz. De là, on a traversé toute l’Espagne en train pendant 2 jours pour aller à Séville. C’est mon plus long voyage en train…
C’était en quelle année ?
1979, l’année où je suis devenu champion de France à Tignes.
Qui était dans cette équipe Amaya?
Nous étions 6 : Xavier Lannes, Rémi Backès, Jesus Gutierrez, Alain Marsacq, un skateur dont j’ai oublié le nom et moi.
Y avait-il des espagnols ?
Non.
Combien de temps a duré cette tournée ?
Le temps du tour d’Espagne cycliste, La Vuelta, c’est-à-dire 3 semaines, en avril-mai.
Est-ce vous suiviez les étapes de la course ?
Oui. Jusqu’à l’arrivée à Madrid.
Faites-vous des démos à chaque arrivée ?
Normalement, il était prévu que l’on fasse une démonstration le matin au départ des coureurs et ils espéraient qu’on puisse être à l’arrivée avant les coureurs pour en faire encore une à ce moment-là. Malheureusement, vu le peu de routes ouvertes pendant la course, il était quasiment impossible d’aller plus vite en camion qu’à vélo et d’arriver pour la démo de l’après-midi… Ils ont donc supprimé la démo du matin et nous la faisions seulement l’après-midi ou la soirée dans la ville d’arrivée. Nous allions parfois dans des gymnases… Les espagnols ne connaissaient pas vraiment le skate et on a eu un accueil vraiment chaleureux tout le long. C’est ma plus belle tournée, les espagnols étaient chauds, on mangeait bien, on était dans des beaux hôtels…
Quel est ton meilleur souvenir de ce tour ?
J’ai une anecdote. On était sur la route depuis quelques jours déjà, lorsqu’on s’est retrouvé dans un hôtel pour la première fois devant la télévision. Tout d’un coup, je me suis vu à l’écran avec une bouteille de Coca-Cola en train de faire des 360° ! La bouteille avait été secouée avant et elle faisait une grosse gerbe qui tournait avec moi ! (rires) C’était le générique, la bande annonce du Tour d’Espagne qui passait tous les jours à la télé ! Tout d'un coup, on a compris pourquoi les gamins couraient tous après nous ! Ils nous suivaient dans les hôtels ! En fait, ils nous reconnaissaient parce qu’ils nous voyaient à la télé ! (rires)
Y’avait-il des banks ou des rampes ?
On avait une petite rampe en métal et en bois. C’est assez fastidieux de la monter ça tous les jours surtout que c’était toujours les mêmes qui s’y collaient…
Tu parlais de gymnases tout à l’heure. Y’avait-il d'autres endroits insolites où vous vous êtes retrouvés pour faire vos démos ?
En Espagne, nous avons vu beaucoup de pistes pour faire du patin à roulettes, du hockey sur patins, avec un très bon revêtement. Un soir, on avait fait une démo sur une de ces pistes pendant une heure et demi avec les gradins qui étaient plein à craquer. À 6 skateurs on arrivait à faire un programme assez varié avec du free, du saut, du slalom…
Vous aviez une tenue Amaya complète rouge et blanche avec comme sponsor Coca-Cola. Et vous aviez tous les mêmes chaussures… Te souviens –tu de la marque ?
Kelme ! On en a usé de ces paires ! Les premiers jours de la tournée, on descendait les cols qui étaient ouverts pour la course, en skate avec Rémi. On freinait avec le pied et on niquait toutes les semelles ! En voyant ça, ils n’ont plus voulu car il nous fallait une nouvelle paire tous les jours !
Étiez-vous un peu comme des américains pour les espagnols ? Leur niveau était-il bon à cette époque ?
En fait, nous avions 2-3 ans de skate dans les pattes alors qu’ils le découvraient avec du retard…
Te rappelles-tu d’un événement sous la tour Eiffel organisé par Sport Loisir ?
Oui. C’était pendant le jour de l’an. Nous avions installé la rampe Promoskate sous un chapiteau. Il y avait un tout petit plancher qui roulait mal avec tout juste assez de place pour faire quelques kick-flip, des 360° et des minuscules sauts. Nous faisions la démo avec l’équipe de France de trampoline. Le soir, le chapiteau était complet. Dans le noir, je me prépare pour commencer mon tour. Tout d’un coup, les projecteurs s’allument, je regarde le public et je me retrouve sur la rampe paralysé ! Impossible de faire quoique ce soit, mes jambes tremblaient… La peur au ventre. Je ne pouvais plus remonter sur la rampe. Gros coup de stress et de trac ! Ce sont mon frère et Rémi qui ont continué seuls ce soir-là… Heureusement que ça ne m’est plus jamais arrivé !
Le crash/le roller
Tu participes encore au Championnat de France à Tignes en 1979. Quelle était l’ambiance ? Ça sentait la fin ?
Personnellement en 1979, je n’ai pas senti que ça s’arrêtait. Je continuais à skater… J’étais dans ma bulle ! Après la compétition, le comité des sports de Tignes m’avait proposé de rester sur place pour donner des cours et faire la promotion du sport auprès des jeunes. J’avais donc passé les 15 premiers jours de juillet à Tignes, hébergé dans une piaule. Ça n’était pas payé mais tout était pris en charge. Comme je devais rentrer pour la tournée Europe 1 qui allait commencer, j’ai proposé à Nicolas Skipper dit « l’Arbalète » de prendre la suite. Il est venu me remplacer mais malheureusement, une fois sur place, il a eu un accident sur le trampoline de l’équipe de France qui s’entraînait à Tignes à ce moment-là…
Quelles sont les raisons de la crise du skate en 79 à ton avis ?
Je ne sais pas. Il y a eu un désengouement général pour le skate. Moins de pratiquants, les sponsors ont commencé à ne plus s’y intéresser…
Quelle reconversion fais-tu ? Te recentres-tu sur tes activités de menuisier plus traditionnelles ou cherches-tu autre chose ?
De mon côté, lorsque le skate s’est cassé la figure, j’ai continué avec le roller. J’en faisais sur la rampe dans les démonstrations sur la tournée Europe 1 en 1979 avec les danseuses du Ballet Arthur Plasschaert qui étaient en roller sur le podium. De fil en aiguille, en septembre 1979, j’ai été contacté et recruté par Patrice Emaer, le patron du Palace, pour m’occuper d’une toute petite piste de roller au sous-sol de la célèbre boîte.
Que faisait ton frère ?
Lui était à l’armée.
Faisais-tu déjà du patin à roulettes dans ta jeunesse ?
J’en faisais comme tous les enfants, en bas de ma rue sur des patins avec des roues en fer.
Allais-tu en faire Trocadéro ?
Non. Je n’allais au Trocadéro qu’avec mon père pour faire du skate. Je faisais du patin autour de chez moi et au Champ de Mars car il y avait de grandes aires réservées aux patineurs.
En 1979-80, étiez-vous nombreux parmi les skateurs à basculer vers le roller à Paris ?
Thierry Dupin en faisait à la fin de Béton Hurlant, mais les autres je ne sais pas trop. Je me rappelle que José de Matos me reprochait souvent d’en faire…
Quelle était la bande avec laquelle tu en faisais ?
J’avais des potes, mais pas de bande. On était beaucoup à La Main Jaune, Porte de Champerret.
Faisais-tu de la rampe ?
Oui, j’avais commencé le roller sur la rampe d’Europe 1. En une semaine, je savais en faire… C’est vraiment facile par rapport au skate ! (rires)
Où allais-tu acheter ton matos de roller ?
On avait rencontré un type pendant la tournée qui avait un magasin et on lui en avait acheté.
Montes-tu des trucks et de roues de skate ?
Oui. J’avais mis mes roues de skate qui marchaient très bien. C’était vraiment très accessible.
Fréquentes-tu encore les magasins de skate comme Chattanooga ou Hawaï Surf ?
Non, je n’ai jamais traîné dans les magasins de skate. Je connaissais Philippe Cressent à Chattanooga mais j’y allais pour acheter des fringues, pas du matos. On en avait beaucoup qu’on nous donnait à droite à gauche…
Revenons au Palace. En quoi consistait ton boulot ?
On y allait 3 ou 4 soirs par semaine. On n’était pas payé, mais on pouvait aller à tous les concerts. C’était vraiment l’endroit le plus banché de Paris avec une super ambiance. On était sensé s'occuper des clients, surtout les débutants qu’il fallait accompagner. La piste était vraiment réduite et de toute manière personne ne pouvait aller très vite ! On y est resté quelques mois.
Comment t’es-tu retrouvé à travailler à La Main Jaune ?
Un soir, Cyrille Putman est venu nous trouver au sous-sol du Palace pour nous proposer de venir travailler dans une nouvelle discothèque qui ouvrait avec une grande piste de Roller disco.
En quoi consistait ton boulot ? Tu dansais ?
Comme au Palace. On était là pour encadrer les clients, s’assurer qu’ils ne tombent pas ou lorsque ça arrivait, que les autres ne leur roulent pas dessus et tombent à leur tour. Il fallait surtout surveiller un virage dans lequel il se formait toujours de la condensation et c’était très casse-gueule. Les patineurs glisaient et on devait souvent aller les relever. Moi-même j’y suis tombé et je n’arrivais plus à me remettre debout ! (rires)
Tu commences ce job en 1980 ?
Oui et j’y suis resté 3-4 ans.
A-t-elle été la première boîte de “Roller disco“ de Paris ?
Des années 80 oui, mais avant, au début du XXe siècle il y avait déjà des pistes en bois où l’on venait patiner en écoutant de la musique…
Quels étaient tes horaires ?
Les nuits ! Les samedis et les mercredis, la boite ouvrait aussi les après-midis pour les moins de 18 ans. Pour moi, c’était le plus compliqué car on voyait débarquer des bandes de jeunes qui venaient des quartiers et des banlieues. C’était chaud à gérer ! Je préféreais les nuits.
Te rappelles-tu du tournage de la Boum à La Main Jaune ?
Oui. Ils avaient loué la boîte pour le film, mais je n’ai pas trop suivi car je n’y travaillais pas pendant le tournage…
Comment évolues-tu dans la boîte ? Changes-tu de
poste ?
Non. J’ai toujours fait la même chose.
CONTINUES ON PART
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