Joël Boisgontier
interview exclusive 2008


Une rencontre fortuite sur “ebay“ et voilà notre fin limier, Guilhem "Radikal“ Depierre, sur le coup pour recueillir la déposition du client.

Le Troca : un jardin d’enfant pas tout à fait comme les autres…

On commence par une petite présentation, âge, date de naissance, lieu d’habitation, situation de famille, travail.
Tout d'abord, avant de répondre à vos questions, je tiens à vous remercier pour l'invitation à cette interview, en souhaitant que mon humble participation puisse contribuer à raviver la mémoire de ce formidable mouvement que fut le skate en France dans les années 70…

Donc, je m’appelle Joël Boisgontier et je suis né en 1963 à Paris. J’habitais tout près du Trocadéro.
Aujourd’hui, je vis toujours à Paris et ma chambre donne sur la Tour Eiffel. Je suis marchand d’Antiquités-Brocante, principalement de mobilier design des années 50, 60, 70.

Quand vois-tu du skate pour la première fois ? Quel âge as-tu ?
Le souvenir remonte à ma très jeune enfance, lorsque je voyais des mécaniciens allongés sur leurs drôles de chariots à roulettes sous les voitures puis, vers l’âge de 10 ans au Trocadéro où je regardais avec beaucoup de curiosité, la descente des différents engins de fabrication maison (chars, plateaux à roues, planches à roulettes) et les premiers skateboards Français.

Quelles sont tes premières expériences avec la planche à roulettes ?
C’est en 1973, après un passage dans le “BHV Rivoli“ aux rayons du sous-sol pour acheter des roues de chariots que je monte sur un rond de tabouret. Viennent ensuite mes premières descentes au Trocadéro avec cet engin de mort, où j’éprouve très vite des sensations d’instabilité et de déséquilibre.

Est-ce que tu pratiques alors d’autres sports ?
Oui, du patin, de la gym, du ski et du karaté.

Ton premier skate acheté, c’est quoi ?
Une planche plate “Midonn“ en 1974 au magasin “Ali Baba“ prés de l’école militaire. La planche est longue, en bois, avec des roues bleues très dures et bruyantes.
Au premier essai, je me demande pourquoi j’ai acheté une planche à ce prix, parce qu’il m’est impossible de rester debout et tourner avec. C’est après, en desserrant les trucks et en prenant mes premiers virages que je comprends très vite comment tomber avec des roues aux pouvoirs totalement dérapants !

Quelques temps après  viendra la mode des premières planches import US avec des roues en polyuréthane, des planches Banzai, puis trés vite les planches en durale d’aluminium. On va alors tous chez “Weber Matériaux“ pour y acheter des plaques d’alu qu’on plie aux extrémités à l’étau. Pour finir, on y colle des ronds de papier de verre pour ne pas glisser. L’antidérapant est né !

Quels sont alors tes premiers spots ?
Le Trocadéro, la grande descente du Troca jusqu’au pont de l’Alma en passant devant le Musée d’Art Moderne (le Dôme), la partie couverte des tours du front de Seine, et toutes les descentes que je peux trouver aux alentours comme par exemple : les Champs-Elysées, l’avenue de la Grande Armée, la Porte de Versailles…

Les premiers temps au Troca, avant le grand boum, c’est comment ?
J’habite à côté et j’y allais tous les jeudis et samedis pour me perfectionner dans l’art de la chute et des pizzas (brûlures aux coudes et genoux) ! Là, je rencontre José De Matos équipé d’une planche de la marque Française “Kamikaze“ je crois, avec des roues rouges aux vertus aussi initiatrices que les miennes !
C’est la naissance d’une amitié. On skate par tous les temps, notamment au Dôme et dans les parkings du front de Seine, où nos roues font tellement de bruit que les vigiles rappliquent rapidement avec leurs chiens. On skate partout dans les rues et je me souviens même d’avoir fait du skate avec cette planche dans les bassins vides de la tour Eiffel à ce moment-là…

Qu’est-ce qui fait que le Troca soit si important alors, comme spot ?
Ce sont les deux descentes les plus proches avec un revêtement rose de qualité, de plus le cadre est magique. Cette grande tour de métal qui défie les lois de la gravité, la Seine, les péniches, les mouettes… Cette immense vue dégagée. Le Palais de Chaillot, d'inspiration Art Déco tout comme le musée d'art moderne (le dôme) : c'est ce que j'ai toujours aimé dans l'architecture du lieu.
En prime, le superbe ballet des jets d’eau qui nous apporte de la fraîcheur en été ! De quoi peut-on rêver de mieux comme décor pour connaître le skate à ce moment-là, à part la Californie évidemment ?
On peut profiter de cet endroit et surtout on peut y évoluer librement à n’importe quel moment du jour ou de la nuit car l‘endroit est éclairé.

Le Troca était un endroit ou l'on venait s'affirmer et se mesurer. Je faisais tout pour m'y rendre le plus souvent afin de gagner ma liberté et mon indépendance. D'ailleurs suite à notre formidable mouvement, les voitures se sont vu refuser le droit de stationnement et une ligne blanche tracée à la peinture en haut de la montée de droite sur l'ordre de la ville de Paris, a délimité notre territoire !
On partageait le Troca avec des bandes de voyous, de tapins, de pédophiles et de voleurs… C’est un lieu où tout le monde passait, c’est comme ça par exemple que je rencontre des skaters du Sud-Ouest avec les premières planches Américaines en fibres de verre et roues uréthanes. Je leur achète une planche équipée de roues qui accrochent un peu plus et là c’est le pied ! On peut enfin descendre tout le Troca en décrivant des virages serrés, on peut se relancer sans déraper.

Quel est le skater le plus surprenant de cette période ?
Le plus surprenant est celui que je découvre un jour, les pieds flottant en l'air au dessus des capots des voitures (les véhicules étant à l'époque garés de chaque coté). Son nom, je ne m'en souviens pas, il n'est pas resté longtemps au Troca mais sa venue nous a tous  beaucoup marquée. En effet c'est grâce à lui que j'ai appris à faire du skate en équilibre sur les mains.
Mais l'un des plus incroyables est le saltimbanque de la planche à roulettes à Paris, Alain De Moyencourt dit « Le Magicien » et futur conseiller chez “Banzaï“ France. C’est lui qui a eu l’idée d’apposer un monte-trottoir et un double-kick sur la seconde série de planches en plastique injectées de J.-P. Marquant. Il vit de la manche grâce à ses numéros de passe-passe et de skate dans la rue. Il se rend célèbre au Bd St Germain, pas très loin du café de Flore où il arrive à créer tout un attroupement de badauds le soir autour de lui, à la hauteur du feu de signalisation. Avec un skate petit et très maniable (des mini pointes de clous dépassaient à la surface de celui-ci en guise d’antidérapants), il se faufile à toute allure en slalomant face aux voitures qui arrivent du Bd St Germain, puis il revient en sens inverse vers son public en se cachant successivement derrière les automobilistes à qui il fait les pires farces. Il arrive par ce stratagème à ralentir la circulation en grossissant la foule de spectateurs, vers qui il se rend ensuite pour faire la quête. Il nous apporte beaucoup au Troca, notamment au niveau des déplacements rapides dans la foule.

Et comment rencontres-tu J.-P. Marquant ?
Au Trocadéro encore ! Il gare son break V.W gris en bas des descentes, le coffre rempli de planches, avec cette odeur si particulière de plastique injectée, de roulements 608 ZZ et de parfum féminin qui se mélangent (Sa femme, Inano, est un vrai canon !). Il skate devant nous, fait l’article, nous vantant la solidité à toute épreuve de ses plateaux et l’adhérence de ses roues. José et moi avons envie d’en acheter une. Jean-Pierre propose alors à José d’aller faire des démonstrations dans les centres commerciaux moyennant finance. J’essaye d’en être, il me fait une place temporaire. Génial ! Me voici  démonstrateur sur des planches “Banzaï“ !

En quoi est-ce que ça consistait ?
Notre “job“ était de faire connaître le skate avec les figures basiques du moment : sauts d'obstacles, tremplin, tic tac, slalom. C'était aussi de faire acheter des planches “Banzaï“ au grand public. Pour cela, on allait faire des démos avec Jean Pierre, Inano, José, Alain De Moyencourt. Jean-Pierre skatait d’ailleurs avec nous. Il se débrouillait bien ! Il prenait des gamelles comme tout le monde !

Est-ce que tu skates à l’école, avec des copains du quartier, ou directement dans un club ?
Au début, il n’y a pas franchement de club de skate à Paris. Le Troca est notre club à nous (il deviendra dans les années 80, le “3.4.0“), j’ai toujours ma planche avec moi et je skate partout, à l’école, dans le métro et avec des copains du quartier.  
J’y rencontre Xavier Lannes qui met de la bonne humeur. Son surnom était « l’ours ». Ça vient du fait qu’il criait beaucoup pour faire peur aux automobilistes qui ne voulaient pas nous remonter en bas du Trocadéro.
Thierry Dupin, je le connais, je crois, depuis 1976. C’est lui qui montait le plus vite les marches du Troca avec son skate Américain double kick-tail,
Puis Manuel Stoppa débarque avec la première “Gordon & Smith“ en fibre.
Et c’est au tour d’Alexis Lepesteur qui arrive à moto avec une planche “Barland“ qu’il me prête.
Enfin pour couronner le tout, Jérémy Henderson (premier skater US, né à Hawaï, de passage au Troca) pointe le bout de son nez et donne définitivement le ton : Kick Flip et variantes, Space Walks, Nose Wheels,Tails Wheels one foot, two feet et bien d'autres figures alors totalement inconnues par nous à ce moment !

Quel va être ton premier skate “sérieux“ ?
Deux planches américaines : une Fibreflex/Bennett/Yoyo, pour les figures et les banks et une Quicksilver slalom (70 kg)/Trackers Mid/Sims giant slalom, pour le slalom bien sûr. Elles me sont remises par François Soulier (ex-directeur de Zone 6) et Alexis Lepesteur, lors de la création du team “ZONE 6/OFF ROAD“. Elles remplacent ma planche en duralu, ex Banzai, dont j'ai changé les silent-blocs par des ressorts pour améliorer la réactivité des trucks. En effet, après m'être séparé de Banzai en tant que démonstrateur, j'ai déjà fait le tour de ces merveilleuses planches en plastique injectée. La mode des planches en Duralu continue lorsque nous montons ces plateaux avec des Bennett et des Road Rider 4 destinés à la vente le samedi à Zone 6. Au magasin, nous croisons de temps à autre un dénomé Coluche...

Que préfères-tu au début, le free style, le slalom ?
J‘aime profiter des qualités de ce nouveau matériel en tout, figures, slalom, banks…

Quels sont les premiers banks que tu skates ?
On teste les premiers banks inclinés au salon de l'enfance sur le stand Banzai avec Alain et José. En fait, il s'agit de tremplins en bois sur lesquels on fait soit un kick turn, soit un véritable saut pour les plus téméraires d'entre nous, dont je fais partie bien sûr ! C’est l’époque des premières démos et grandes descentes près des salons Porte de Versailles. À partir de cette époque, José prend de l’altitude et on se voit de moins en moins. On se retrouve juste quelque temps après dans un salon Porte MAILLOT où J.-P. MARQUANT a installé le premier banks en bois avec une vraie courbe. Il n'y en a qu'un et c’est une indescriptible sensation pour l’époque de monter, faire un kick-turn et redescendre !

On installe aussi, le samedi au Troca, des banks de fortune sur lesquels on sort trois roues avec des planches que l‘on incline sur les barrières de la ville. Il y a déjà des mini-skateparks naturels ; les bassins dans les jardins du Troca et de la tour Eiffel lorsqu’ils sont vides, deux petites collines face à face à Courbevoie qui n’existent plus aujourd’hui. On va aussi skater un accès couvert et ouvert aux piétons sous la rotonde de la Défense qui lui, existe toujours où il y a des vagues avec un revêtement en briques, et des plans inclinées à Villepinte. Je me souviens aussi de ce formidable spot couvert à La Défense où on aimait aller quant la pluie n'en finissait pas de tomber. C’est là qu’un jour, je suis tombé sur le front après un équilibre sur les mains en haut d’une vague. Résultat : un hématome, un coquard et des lunettes de soleil pendant trois semaines…

Et à partir de quel moment fréquentes-tu les skate-parks ?
Le premier vrai skatepark prévu à cet effet est celui de la Villette. Il ouvre ses portes en 1977. Un championnat y est organisé et nous connaissons déjà l’endroit avec Alexis pour l’avoir essayé à la fin des travaux. Je suis impressionné par ces grandes courbes et cet espace dédié au skateboard et en même temps très déçu par ce projet. La mollesse du tracé et le manque de verticale sont au rendez-vous. C’est un endroit où il faut redoubler d’effort pour prendre de l’amplitude. Bref, tout y est disproportionné. En conclusion, c’est un excellent skatepark pour débutant, l’illusion est parfaite.

Puis vient la construction de “Béton Hurlant“ où nous passons le plus clair de notre temps. Seul bémol, les bowls étriqués, profonds et inconfortables avec un coping surdimensionné. Seul Nicolas Skipper dit « l’arbalète » nous fait des frayeurs en sortant en force trois roues sur ce maudit coping. On le surnommait « l’arbalète » parce qu’il skatait toujours droit et tendu. Alors sortir trois roues sur ce coping à la verticale où tout le monde avait peur d’aller, je vous laisse imaginer… 


Donc ta préférence…
“Béton Hurlant“ bien sûr ! Et puis c’est plus prés de chez moi !

Et les rampes ?
En 1978 est organisé, avec “Levi’s“ comme partenaire, une compétition au Trocadéro, Coupe ou Championnat de France, je ne sais plus. À cet effet, nous découvrons la première rampe de Gérard Almuzara. Sa courbe est la moitié d’un rond. Le premier demi-tube en bois est né, il est haut, étroit et majestueux et pour sortir trois roues, la figure référence du moment, il faut avoir le cœur bien accroché !

Quels sont les magasins Parisiens que tu fréquentes alors pour le matériel ?
Le magasin que je fréquente le plus est “Zone 6“.
De plus, il y a des motos partout et je les convoite autant que le matériel de skate mis à notre disposition.

Zone 6/Off Road

À propos de ZONE 6, à quel moment intègres-tu le team ? Qui en fait partie ?
Il me semble que j’intègre le team Zone 6 entre 1976 et 1977. Alexis Lepesteur avait choisi de présenter quelques personnes du Trocadéro à François Soulier dont, Manuel Stoppa, Pierre Baudouin et moi-même.
Le boss du magasin François Souilier nous remet à chacun un grand sac noir avec le patch “ZONE 6“. Il contient une planche de freestyle “G&S Fibreflex“ équipée de trucks “Bennett“  et de roues “YOYO“, une planche de slalom “Quicksilver“ avec des “Trackers“ et des “Sims“ des casques, des protections, au nom du team.
Après, ils choisissent de compléter le team avec d’autres comme  François-Luc Petit, Nöemie Harris et Martial Hénnaff si mes souvenirs sont bon, du moins ce sont eux dont je me souviens le plus au début lors du lancement du film “Skateboard“. J'ai une photo avec dédicace de Stacy où l'on voit les personnes présentes ce jour-là.
On a nos entraînements privés au Stadium dans le 13 ème !
On a tous des surnoms dans le team. Il y a Christopher Buchholz dit « l’Américain » et plus tard Pascal Declercq (ex-vendeur “Val Surf“) surnommé « La Chèvre » parce qu‘il donne l’impression de ne pas savoir quoi faire dans le pipe de Béton et n’arrête pas de ce faire remarquer en imitant le cri d’une chèvre. Alexis m’appelle souvent « Zou Ali » car il aime bien m’entendre parler comme Pierre Pechin dans son sketch, “La Cigale et La Fourmi“. Le surnom de « Mannix » pour Manuel Stoppa vient d’Alexis, inspiré du look de l’acteur dans la série Américaine.

Quand à Alex, on est souvent obligé de l’appeler “Lepéteur“ à cause de ces nombreuses flatulences passagères et volontaires qui nous pourrissent la vie dans le Van Américain (Dodge) de François !

On se souvient de ces tenues « Off Road » officielles, très classes et très pro, à l’instar des team américains G &S, Bahne, Free Former et autres. Par rapport aux autres skaters, elle faisait vraiment la différence et t’a probablement valu (en plus de ton talent !) cette très bonne couverture presse. Qui a décidé de cette tenue ?
Probablement François avec l’avis d’Alexis ou inversement. François avait toujours plein d’idées… Elle ressemble aux tenues “Sims“ et était commercialisée en France avec le sweat-shirt, le tee-shirt, les gants ainsi que les protections et les sacs. Quant à la très bonne couverture de presse, je la dois principalement au grand photographe de sport qu’est devenu Gérard Vandystatd. Son agence se situe alors dans le 15 ème, entre mon lycée et mon domicile. Sur le chemin du retour, je passe souvent lui rendre visite pour visionner les derniers clichés qu‘il a sur moi.


À l’époque, le team ZONE 6 passait pour un team assez « cool », branché. Est-ce que c’était en raison des skaters qui le composait ou en raison de votre team manager ?
C’est dans l’air du temps tout comme le Disco ! Le skate est un nouvel état d’esprit. Il nous insuffle un nouveau style de vie. Nous sommes tous très heureux de faire partie de cette équipe. François Soulier et son associé Christopher Lloyd sont des gens sérieux et nous assumons avec Alexis, notre leader, nos responsabilités de démonstrateurs et compétiteurs amateurs.

Ce grand mouvement qu’est le skate alors, suffit à dynamiser et à positiver tous les teams. Le nôtre est peut-être un peu plus dans la tendance du moment grâce à l’esprit qui règne à Zone 6, au travail de François Soulier pour que l’on ait toujours le meilleur matériel et les meilleurs moyens de nous exprimer avec : des rampes, des entraînements privés au Stadium, la gratuité annuelle à Béton Hurlant…. On le doit aussi à la personnalité d’Alexis, son talent, sa bonne humeur, sa générosité naturelle et à son immense envie de partager avec nous cette passion.

Quelles étaient les relations de votre team avec les autres : BANZAÏ, ALMUZARA, SANTANA, ETC ?
Très bonne. Sauf qu’à l’époque ils ne fument pas d’herbes ! Zone 6 est un des premiers teams de démonstration et de compétition en France et surtout un des plus gros importateur du moment. Nous avons un état d’esprit différent, une bonne humeur inégalable. Nous avions surnommé José « Le Tos ! » à cause de ses socquettes noires et chaussures de sports (voir la pub “Pony“ qu’il a faite) et les frères Almuzara  « les frères Zara » comme un couple de catcheurs habillés à l’identique et à l’allure toujours rageuse.

Gérard et Patrice Almuzara que je salue chaleureusement au passage ainsi que Alain De Moyencourt sont les seuls skaters de cette époque que je vois encore régulièrement  aujourd’hui.

Et comment était l’ambiance à l’intérieur du team ? Plutôt «  Sex and drugs and rock’n’ roll » à la Alva, ou bien « Skate Boulot Dodo » ?
Il y a toujours un sale gosse qui sommeille dans chaque skater !
C’est plutôt l’ambiance Ian Dury, Zappa, Bob Marley, Dilinger et de la bonne musique à écouter chez Alexis qui nous convie souvent le week-end chez lui après de bonnes sessions de skate.
Nous allons très souvent à des fêtes le samedi soir et je me souviens d’une fête mémorable chez Eric Gros quelques jours après avoir skaté sur sa rampe dans un local à coté de son magasin avec ses amis. J’avais à cette occasion amené des cigarettes du DC Louis Le Gras soi-disant pour faire du thé. En fait ce mélange de tabac à base de datura avait un effet hallucinogène en infusion. Nous en avions tous pris et l’effet mettant du temps à se manifester, « Bobbies » (François Bobet, un ami d’Alexis) avait tout terminé. Le lendemain à son réveil, il n’y voyait plus rien et mis un certain temps avant de retrouver la vue pour nous ramener en voiture !
Et pour une anecdote “Rock’n’roll“, un soir, de passage chez Christopher Buchholz surnommé « l’Américain » et qui habitait Neuilly, j’ai même rencontré Mick JAGGER !

Heu… J’ai toujours eu envie de demander ça. Qui était la plus belle ? Nicole BORONAT, Noëmie HARRIS, Christine MITRANO ?
Elles étaient toutes charmantes. Noëmie était séduisante avec ces longs cheveux blonds et son sourire légendaire. Nicole était réservé et un peu plus sexy. Je me souviens moins de Christine Mitrano et plus de Béatrice Buchholz, cette grande brune qui faisait du skate dans le demi tube de béton même avec un plâtre au bras. Courageux quand même !

Tu en as chopée une ? Allez, réponds, il y a prescription…
No comments…
Tout ce dont je me souviens c‘est de leur grâce, leurs sourires et de leurs féminités dans ce monde de jeunes hommes transpirants du slip !!!

Quelles étaient les priorités du team ? Des démos, des résultats ou… Rien ?
Je prends toujours plaisir à donner le meilleur de moi-même pendant les démonstrations, en m’exprimant avec cette passion et en faisant partager cette découverte du skateboard à tous. Le team n’a pas vraiment de priorités. Nous tentons de communiquer une bonne image, un bon niveau, avec un bon esprit de groupe, de la cohésion et de la bonne humeur.
Alexis est un bon leader et François supervise toute l’intendance et les plannings. Les démos sont un vrai plaisir, l’ordre, l’organisation et le timing sont au rendez-vous. Tout cela motive les troupes pour se qualifier ensuite et obtenir des résultats aux compétitions.

Quelle était  cette marque de planche, «  OFF ROAD », dont vous étiez équipés ? Qui les fabriquaient ?
Il me semble que c’est le modèle « Alexis Lepesteur » et que nous en avons tous une pour le promouvoir. Une planche légère, robuste, facile et polyvalente à un prix très raisonnable.

Ces planches OFF ROAD étaient des copies conformes des GORDON AND SMITH américaines, reprenant les mêmes shapes, le même nombre de plis, avec une finition un peu moins bonne. En étiez-vous conscients à l’époque, n’y a-t-il jamais eu de problèmes avec la marque Américaine ?
Pas à ma connaissance.

Quelles sont tes marques (ou tes planches) préférées à l’époque ?
Mes planches préférées du moment sont toutes les nouveautés que je peux essayer chez Zone 6 : Sims, Fibreflex, Quicksilver, Kryptonics…

Est-ce que tu as gardé tes boards de l’époque ? Est-ce que tu as essayé de retrouver, comme moi, toutes celles qui t’ont fait rêver et que tu n’as pas eu l’occasion d’acquérir à cette époque ?
J’ai gardé ma planche de slalom “Quicksilver/Tracker/Sims Giant Slalom“. Avec un jeu de roues “Sims Pur Juice“ extra large tout neuf, 4 roues “Gyro“ multicolores, 4 “Kryptos“ rouge 90 mm, une planche de free “Benjy Board“, des “Bennett“ et des “Road Rider 4“. La planche que je ne peux pas avoir à cette époque est une “Dogtown“, la Shogo Kubo ! Elle me fait rêver, mais je crois que cela tient plus d’une nouvelle façon de skater qu’autre chose, avec ces planches de park plus larges et souvent montées avec des roues plus dures pour des sessions crissantes de slides (ex : la marque de roues “Wings“).
Le reste de ma collection vient plus tard lorsque je travaille pendant 5 ans au milieu des années 1980, en face de chez moi, avenue Bosquet chez Chattanooga. J’y étais plus connu sous le pseudo de « DJÖL ».
Je complète cette collection depuis mes premiers tours de chine sur les brocantes. J'y ai même rencontré un jour par hasard François Soulier, juste après avoir chiné un des premiers set de protections coudières-genouillères “Off Road“ dont nous étions équipés chez Z6. Incroyable non ???

CONTINUES ON PART 2

 
Joël Boisgontier console la Veuve Clicquot, 2008.
La colline de Chaillot en 1867.
(archives J. Boisgontier)
Descente de nuit au Trocadéro, 1976.
(archives J. Boisgontier)
Saut dans le vide, Trocadéro, 1976 .
(archives J. Boisgontier)
Équilibre sur les mains, Trocadéro, 1976.
(archives J. Boisgontier)
Banks sur des barrières de sécurité, 1977.
(archives J. Boisgontier)
Un après-midi au trocadéro, “Photo“ magazine n°158, 1977. (archives J. Boisgontier)
1er en slalom géant (cadet), Coupe de France, Trocadéro, Paris, 10-11 juin 1978.
(archives J. Boisgontier)
1er en Freestyle (cadet), Coupe de France, Trocadéro, Paris, 10-11 juin 1978.
(archives J. Boisgontier)
Sur la rampe en démo, Trocadéro, Coupe de France 10-11 juin 1978.

Dans sa chambre, avec ses coupes, 1978.
(archives J. Boisgontier)

Seance photo à la Villette par Gérard Vandystadt
Seance photo à Béton Hurlant par Gérard Vandystadt
 
 
 
 
 
 
 
      the book that hosts ghosts