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Surf Skate
n° 1, juin 1977 |
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Skate' Spots
Ici Paris! Nous voilà débarquant dans la "Capitale". Oh ! Gigantesque labyrinthe qui doit bien receler des spots supers.
Qui ne connaît déjà le Trocadéro ! Un espace à freestyle, 2 descentes à slalom, un parc de skate-cross aux alentours .
La Défense, ou plutôt le "garage Fiat". Whaoû !
Bank, off the lip, roller-coster… du vrai surf avec, en prime, du clapot. Cochon de revêtement.
Courbevoie et sa piste écologique ! le jardin moderne, les fleurs de béton. C'est pas la piscine, mais on se marre quand même. Ici, gaffe à la casse…
Et la fac d'Archi… qui devrait donner des idées à ces futurs urbanistes. Voilà un bon créneau pour ses élèves.
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“Monsieur Vincent”
Alors que nous nous promenions sur la place Gambetta, nous avons rencontré ... (Rappelez moi votre nom déjà! ah, oui) Vincent Ferroloni… Pardon, Monsieur Vincent Ferroloni !
Et Monsieur Vincent, assis devant sa table au Régent, sirotait son verre d'orange pressée (on ne sait pas bien sûr, à quel pourcentage baignait le « gin ») car, dit-il fièrement, un sportif comme moi ne boit pas n'importe quoi. Sûr, le skate est un drôle de sport. Et à en croire Monsieur Vincent, rien n'est plus évident de tenir debout sur ces 4 roulettes, mais tout l'art se situe dans la technique d'exécution en « Freestyle », oui mes amis.
Surf Skate Magazine: Monsieur Vincent, depuis combien de temps connaissez-vous le skate ?
M. Vincent: un an à quelque chose près.
Qu'est-ce qui vous a amené à pratiquer ce sport ?
M'étant un jour arrêté au Surf Shop par grand hasard, j'ai pu y feuilleter un magazine de surf où les photos de skate ont retenu toute mon attention. Et très vite après, la passion me prenant déjà au cœur et m'y rendant à nouveau avec mon fidèle ami Filou, nous achetions notre premier skate.
Trouvez-vous, en dehors de vos activités journalières, beaucoup de temps pour pratiquer le skate ?
Peu, je n'en faisais avant que le vendredi soir et le samedi.
Et le dimanche ?
Rarement, car il faisait jamais beau. Et puis je travaillais assidûment car je dois finir mes études scolaires (vivement !) et qui, je l'avoue, sont moins intéressantes que le skate.
Parlons un « peu plus » skate. Quelles sensations y recherchez-vous ?
Bien sûr, en descente, l'impression de vitesse. En freestyle je recherche le self-contrôle, la maitrise de l'équilibre. En slalom ... ben, bien des choses.
Dans quelle (s) discipline (s) pensez-vous avoir le plus d'aptitudes, ou peut-être excellez-vous ?
La descente, à cause de cette notion d'insécurité qui me plaît bien. Je m'attaque davantage au slalom aujourd'hui car c'est un tout qui allie la vitesse et la précision.
Vous imposez-vous un entraînement ?
Non, à l'occasion je cours après les chats.
Une nourriture spéciale ? J'aime les gâteaux.
Avez-vous un objectif précis avec le skate, et qu'en attendez-vous ?
J'aimerais acquérir un certain niveau pour pouvoir défendre les couleurs de mon club, comme dans tout sport de compétition.
De quel club s'agit-il ?
Le SK. C. B., bien sûr.
Avez-vous une ou plusieurs autres passions que le skate ?
Non, pas vraiment. Cependant, il y a un sport bien grisant que j'aime : le surf, et qui est pour moi le roi des sports aquatiques.
Un de vos meilleurs souvenirs en skate ?
La plus belle « gamelle » dans une pente assez raide, avec un revêtement plutôt mauvais, et unique protection : un blouson et un casque ; et derrière moi, me suivait Filou avec sa moto pour connaître ma vitesse de pointe.
Qui fut de… ?
68 km/h Avant la chute bien sûr.
Qu'attendez-vous du skate en France ?
Que cela devienne un sport pris en considération et non plus un loisir ou un gadget.
Attendez-vous un titre cette année ?
Oui, dans les vingt premiers en descente aux championnats de France (espérant qu'il n'y ait pas dix départs seulement).
Monsieur Vincent, encore une question, qu'av…
Excusez-moi, il faut que j'y aille, mon entraîneur m'attend… !
Et nous avons fini notre verre tranquillement. Mais! Monsieur Vincent, il a oublié de payer…
(Propos recueillis le mardi 19 mai. Nous remercions Monsieur Ferroloni pour ce bref entretien car nous le savons très
occupé.)
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Le skate à moteur
Jean-Pierre Lérot, 28 ans, kinésithérapeute de profession, habite Arlac-Mérignac. Allez donc savoir quelle mouche l'a piqué un jour pour mettre au point une pareille machine. Originaire de l'île de la Réunion, il fera ses études de kinési en France, pour exercer dans le centre de thalassothérapie de Louison Bobet sur la presqu'île de Quiberon. Il s'installe à Bordeaux en août 76… et s'infiltrera dans le « milieu » par quelques idées originales. « J'ai connu et pratiqué le Windsurf dès sa sortie en France, il y a 5 ans », dit-il ; mais Surfer Magazine m'a vite piqué de cette passion pour le surf et le skate, depuis 2 ans maintenant. Après 6 mois de réflexion et de mise au point, car c'est une idée et une conception entièrement personnelle, Jean-Pierre s'attaque à son projet ce mois de janvier 77… Il fera le premier essai de son « Jumbo » mi-avril. Il lui faudra résoudre un problème de démultiplication pour que ce prototype tourne à 40 km/h.
« En améliorant la stabilité par un truck avant type «Strocker», et quand j'aurai mis au point un frein à disque, je vous garantis de fortes sensations… Il y a certainement beaucoup à faire encore, car au point de vue performances et « gag », je compte bien poursuivre mes recherches plus loin. » Un inconvénient dans cette entreprise : c'est le prix de revient du proto qui est assez élevé : déjà 2 000 F d'investis. La passion n'a pas de prix, l’exploit encore moins. Bravo Jean-Pierre. Mais le skate à moteur, quel avenir nous réserve-t-il ?… et n'est-il pas pour le skate ce que le « hors-bord » est pour le dériveur ?
ANATOMIE DE LA « BÊTE »
- Planche en dural de 8 mm, longueur 70 cm/largeur 17 cm.
- Longueur hors tout (avec moteur) : 95 cm.
- Moteur 49,9 cm3 (mobylette). Il est solidaire de la pièce mobile du pont arrière. Le moteur suit les roues et non la planche.
- Consommation : 2 l/100 km (capacité du réservoir : 1/2 l)
- Démultiplication totale : 2,6.
- Transmission par chaîne avec pignon relais. Les 2 roues arrières sont motrices, el/es sont solidaires du même arbre.
- Roues: blocs de caoutchouc montés sur moyeux en durai (roulements étanches). Diamètre: 10 cm (pour les roues arrières, les roulements font partie du pont arrière).
- Axes des trucks : 13 cm.
- Les 4 roues sont directrices comme sur un skate classique.
- L'accélérateur est une poignée type « scalextric ». La décélération est faite normalement par le frein moteur.
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Compétitions à Gogo
Novembre 76… la « Z.U.P. », le mot magique, pour le skate c'est la « La Barre » du surf 69, la « piste performance ». En fait, c'était bien le coin idéal pour improviser une chouette compétition. Un peu de pluie, le matin pour rafraîchir les idées… et les « têtes brûlées » et une ambiance qui laissa à tous, un bon souvenir, c'est sûr !
Résultats:
- Free style : A. Caussarieu.
- Descente : 1ers ex aequo A. Marsacq, L.F. Bordenave.
- Slalom : 1er A. Marsacq.
- Champion combiné : A. Marsacq.
Pâques 1977… Biarritz, le « Phare ». Cette fois encore, le temps n'y met pas toute sa bonne volonté… et la « faune » non plus d'ailleurs.
Paris, Poitiers, Nantes, Bordeaux, Dax, Mont de Marsan, Pau, Toulouse, Bayonne, Biarritz, Anglet, Saint-Jean et tous les autres, avaient leurs représentants.
La mauvaise discipline ne contribuera pas toujours au bon déroulement des épreuves ! Deux jours animés quand même… et vision nouvelle du skate. A suivre… on pourrait en dire plus.
Résultats :
- Free style: 1er Rémy Bachet.
- Descente : 1er L.F. Bordenave.
- Slalom géant : 1er X. Lannes.
- Spédal parallèle : 1er X. Lannes.
- Saut hauteur : 1er L.F. Bordenave.
- Champion combiné : 1er ex aequo X. Lannes et L.F. Bordenave.
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“Le daffy”
Que se cache sous ce nom bizarre ? Un animal ? Non ! C'est une des figures les plus spectaculaires du skate. Mais Dieu ! Qu'il a l'air difficile à faire ce Daffy, vous pensez ! Deux skates à la fois, et en nose, et en « tail-wheelies » ! C'est sûrement une figure réservée à une petite élite. Eh bien je vais vous faire une confidence (ne le répétez à personne) : il est très facile à faire ce Daffy, nous allons voir ici comment. Il vous faut (mais oui) deux skates, alors prenez celui de votre petite amie et placez vous dans une très légère pente. Placez le premier skate à quelques mètres devant vous (retenez-le avec feuille) il vous reste en main votre deuxième skate, vous le posez (mais si, n'hésitez pas !) et vous posez à son extrémité avant le pied que vous désirez, votre pied doit se trouver ainsi de part et d'autre du truck avant, vous poussez doucement… et de votre pied libre vous prenez le skate restant de la même façon, mais à l'arrière. Ramenez vos deux skates en ligne et conservez les bien près l'un de l'autre pour commencer. Puis, (d'un seul coup, d'un seul) vous mettez le skate arrière en « nose-wheelie », ceci se fait en appuyant sur l'avant très légèrement. Puis quand tu te sens stable, tu fais à l'avant la manœuvre inverse, et ô joie vous réalisez le Daffy ; entraînez vous bien à slalomer ainsi. Pour passer au stade supérieur : le Daffy 360 qui est une manœuvre plus complexe… vous roulez en Daffy à une vitesse modérée et vous amorcez un grand virage Backside de 180° qui vous amènera face à la pente, à ce moment précis vous ramenez vos deux skates à un angle de 90°, et en appliquant la même technique de balancement que pour le 360° Backside normal vous terminez le virage en vous retrouvant dans le sens de la pente. Avec l'habitude, on peut, en effectuant cette manœuvre sur le plat, faire plus de 360°. On peut citer pour mémoire deux autres variantes du Daffy : le Daffy accroupi où, en roulant, vous vous accroupissez progressivement. Et aussi le « Daffy-Daux » du nom du fumiste qui l'inventa (et qui est français). Là, la partie la plus charnue de votre individu sert à soulever le skate avant (… avant d'essayer, renforcez vos pantalons… j'ai détruit un de mes pantalons et une partie de ce qu'il y avait dessous lorsque à bonne vitesse le skate arrière a décidé de jouer les filles de l'air !). En conclusion le Daffy est difficile ? Non ! Spectaculaire ? Sûrement, et puis, avouez, quelle satisfaction de rouler ainsi. Alors je vous souhaite de bons « Daffies »… Que j'espère vous réussirez lors d'une prochaine démonstration ou à la prochaine compétition.
Pierre Lawton |
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