Skateboard Magazine, 1978

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Déjà 80.000 skateurs en France


C’est le nombre approximatif des fans du skateboard en France. Mais il augmente chaque jour.
On n'avait jamais vu ça ! Même les modes du yoyo de nos grands parents ou du houla hoop de nos parents n'avaient pas connu une explosion aussi soudaine. Le skateboard, qui ne s'est vraiment imposé en France que cette année, fait un véritable malheur. 80 000 planches vendues en quelques mois ! Les magasins de jouets, les grandes surfaces, les boutiques spécialisées tous ont été "dévalisés " et il devient de plus en plus difficile de trouver des pièces détachées et, à plus forte raison, des skates complets. C'est que le skateboard n'est pas une mode, mais un véritable virus. Qui est monté un jour sur une planche et a réussi son premier virage a aussitôt envie de devenir un champion ! Et tout le monde essaie un jour de faire du skate : Guy Drut notre champion olympique est monté sur un skateboard. On dit qu'il s'entraîne en secret avant d'aller pratiquer au Trocadéro. Johnny Hallyday s'y est essayé aussi. Il a pris une gamelle, mais s'est juré de recommencer et d'y arriver. Et la liste des skateurs célèbres est longue : Gérard Rinaldi des CharIots, Jacqueline Beltoise, la femme du grand pilote, Carène Cheryl, le professeur Barnard, Coluche et bien d'autres ont déjà essayé de tenir sur un skate. Rien d'étonnant alors à ce que le phénomène ait dépassé les prévisions les plus optimistes. Au point que la firme Dupont de Nemours, l'un des principàux producteurs de ce polyuréthane dont sont faites les roues des meilleurs skateboards, prise de vitesse, ne peut plus répondre à la demande et a dû mettre au point une nouvelle matière (dont nous vous reparlerons) pour satisfaire les besoins.
Il faut dire que la France n'est pas le seul pays atteint par la folie du skate. En Allemagne, on avance le chiffre de un million de pratiquants. La Suisse a vendu l'an passé, plus de 150000 skateboards. Sans parler bien sûr des USA où ce sport est né et où l'on dénombre environ 5 millions de pratiquants maîtres absolus des trottoirs de Los Angeles, de Dallas ou de San Francisco. Non, jamais un sport n'avait connu une croissance pareille. Nous sommes entrés dans l'ère du skate !

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LA SKATEMANIA EST LÀ

Pour tous les adeptes de la planche à roulettes, l'implantation de la " Skatemania " en France est une évidence. Les autres n'ont qu'à regarder autour d'eux et lire la presse de cet été pour comprendre que le phénomène est bien réel et ne concerne pas seulement quelques jeunes en mal de sensations nouvelles.
1977, c'est vraiment l’année du skate. Ce jeu qui est aussi un sport et même un mode de transport a conquis tout le monde, adultes et adolescents. La rentrée dans les écoles de France s'est faite à Skate ; un moyen comme un autre de participer à la campagne d'économie d'énergie. Quelques P.D.G. pas trop timorés ont adopté le skate pour se rendre à leurs bureaux. Ils évitent ainsi les embouteillages tout en faisant du sport. Quant aux commerçants en mal d'un nouveau produit, ils se sont mis à vendre du skateboard comme d'autres des blue jeans. Malheureusement, il en va des planches comme des fringues : il y a des bonnes et des mauvaises. (Il serait dommage que, pour économiser quelques dizaines de francs ou simplement parce que vous êtes influençable, vous achetiez une planche médiocre qui vous dégoûtera à tout jamais de la pratique du skate). Et puis le skate a connu, en quelques mois une évolution extraordinaire. Il s'est organisé tout d'abord (voir l’annonce des Trophées de France de Skateboard en première page) et la première école de skate française est née cette année à Tignes. Patronnée par Salomon, elle s'est inscrite dans le cadre des stages de ski acrobatique sur neige d'Henri Authier et Manfred Kastner et a été inaugurée officiellement par le groupe " Il était une fois ". Une route fermée par la municipalité, trois virages relevés en ciment et une piste de slalom permanent hérissée d'entonnoirs de matière plastique, constituaient le terrain de prédilection de cette école animée par Alain de Mayencourt (voir "les rois du skateboard"). Le skate s'est aussi diversifié, signe évident de sa popularité. D'astucieux bricoleurs ont construit, en France le premier wind-skate, composé d'une voile de windsurf et d'un skateboard et le premier ice-skate, skateboard sur lequel les roues ont été remplacées par des lames de patin à glace. Autre signe de l'implantation du skateboard dans les mœurs : son incursion dans la publicité. Les firmes les plus dynamiques ont compris que pour se faire entendre, en 1977, il fallait parler skate. Aussi Perrier, a-t-il réalisé un film publicitaire qui met en scène des skateboarders californiens. Quant aux chaussures Kickers, elles jouent à fond la carte du skate puisqu'elles étudient actuellement une chaussure " spéciale skate" etqu'elles s’apprêtent à mettre en vente des planches portant leur nom. Et puis il faudrait citer la première grande démonstration publique de skate qu'a organisée la firme " Hold Up" en ouverture des dernières vingt-quatre heures du Mans, et les championnats d'Europe organisés à Zurich au mois d'août. Et la publication prochaine du premier livre français consacré à la pratique du skateboard. Autant d'exemples qui démontrent que cette nouvelle "folie" n'est pas près de disparaître. Tant mieux !


LES ROIS DU SKATEBOARD
ALAIN DE MOYENCOURT

Bien que nouveau en France, le skateboard compte déjà ses vedettes. Alain est l'un des skateurs les plus célèbres du Trocadéro.
Nom : de Moyencourt. Prénom : Alain. Surnom : Chouchou.
Age : 22 ans. Taille : 1,83 m. Poids : 74 kg. Cheveux : frisés, blonds. Yeux : verts. Signe particulier : petite moustache blonde.

Avec sa " mob " sans garde boue bricolée par ses soins, son lecteur de cassettes fixé au ventre, son casque hifi sur les oreilleset son béret basque, Alain est une des figures les plus typiques du Troca. Illusionniste et manipulateur (il vous organise une soirée pas chère si vous l'appelez au 555.04.83)
De profession, il est l'un des skateurs les plus étonnants de Paris. Le plus rapide certainement entre les voitures (exercice déconseillé), le roi de la montée de trottoirs et un champion de saut, planche sous les pieds.
Il faut dire qu'Alain pratique le skate depuis... 12 ans, avant même la naissance de ce sport. Une planche avec quatre roulettes rachetée à un petit américain constitue le point de départ de sa passion. Entraînement dans la cuisine familiale dans la cour de l'immeuble, puis, à 16 ans sur les routes de montagnes où Alain, s'installe pendant deux ans. Quatre ans plus tard, il part, sa planche sous le bras vivre à Amsterdam. Déguisé en clown il y fait la manche aprés d'éblouissantes démonstrations, opération qu'il réédite à son retour à Paris, à Saint-Germain des Prés et à Montparnasse.
Aujourd'hui, Alain qui fait des prodiges sur sa Fibreflex montée d'un truck Benett et de roues Road Rider 4 est une sorte d'apôtre du skate. Champion de la sécurité, il s'évertue de convaincre ses petits copains de porter casques et coudiéres. C’est lui qui a organisé pour le compte de " Hold Up" la première grande animation publique de skateboard aux 24 heures du Mans, 1977.



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